Restaurer le lien de confiance avec le lecteur: c'est l'une des orientations proposées par les récents États généraux de la presse. Il n'y a pas mille manières de recréer, entre les journalistes et ceux qui les lisent, un rapport de familiarité et d'estime. De familiarité, comme si la presse écrite était un territoire, un paysage connu, un compagnon quotidien. D'estime, parce qu'on ressentirait profondément le bonheur intellectuel et civique de se nourrir à des sources fiables et honnêtes. La compétence et l'éthique du journaliste semblent presque à elles seules combler l'attente des passionnés de l'information, de la culture et des faits divers. Même quand la presse se flatte d'avoir des opinions et de les manifester, elle n'échappe pas à la vigilance du lecteur attentif. Ce dernier ne veut pas seulement d'une publication qui pense comme lui, il désire aussi, clairement, pouvoir être fier de ceux qui, au quotidien, dans l'éphémère, lui offrent un regard sur l'actualité et sur le monde. Qu'on ne se leurre pas : en dehors même des poursuites contre les infractions que les médias sont susceptibles de commettre, le citoyen lecteur respire immédiatement l'odeur du vrai, du plausible comme lui répugnent sur le champ la manipulation et le mensonge. Si elle veut, ensuite, et si elle en a le talent, la presse a tout loisir de présenter, de manière brillante, dans un beau style, sa capacité morale et sa qualité professionnelle. C'est un vernis qui entoure le noyau dur de la recherche de la vérité. Le lien de confiance sera restauré quand le lecteur ne se croira plus tenu de douter. Il y a le doute de l'intelligence. Mais il y a aussi le doute de qui craint être floué.L'avenir de la presse ne dépend que d'elle.