Le ciblage algorithmique conduit-il à traiter des données sensibles ?

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) énonce qu'un réseau social en ligne tel que Facebook ne peut utiliser l'ensemble des données à caractère personnel obtenues à des fins de publicité ciblée, sans limitation dans le temps et sans distinction en fonction de leur nature. Le fait que le requérant a communiqué son orientation sexuelle lors d'une table ronde publique n'autorise pas l'exploitant d'une plateforme de réseau social en ligne à traiter d'autres données relatives à son orientation sexuelle obtenues, le cas échéant, en dehors de cette plateforme, en vue de l'agrégation et de l'analyse de celles-ci, afin de lui proposer de la publicité personnalisée. La Cour critique ici la légitimité des pratiques de ciblage publicitaire de Meta au regard du principe de « minimisation » prescrit par le règlement général sur la protection des données (RGPD), allant jusqu'à considérer qu'un tel ciblage est équivalent au traitement d'une donnée sensible. Cette décision manifeste une relative confusion entre une segmentation algorithmique et le traitement réel d'une donnée sensible. Un tel amalgame annonce les prochains débats sur l'intelligence artificielle.