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Droit d'auteur
/ Cours et tribunaux
27/07/2023
Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère viendra à toi : de la sanctuarisation des redevances de droits d’auteur par l’accord collectif d’entreprise par-delà l’inepte anonymisation des décisions de justice
Il résulte de l’article L. 132-40 du code de la propriété intellectuelle que les entreprises de presse sont fondées à rémunérer en droits d’auteur les journalistes pour l’utilisation de leurs productions hors du titre de presse initial ou de la famille cohérente de presse, à la condition d’avoir obtenu l’accord exprès et préalable de l’auteur exprimé à titre individuel ou dans un accord collectif. Le caractère d’ordre public des règles résultant de la législation de sécurité sociale a pour conséquence qu’il appartient à la société de presse de justifier la nature des sommes qu’elle verse à des tiers.
La justice s’interdisant de nommer les parties (sauf l’Urssaf), nous le ferons à sa place en indiquant que la solution retenue dans l’arrêt reproduit ci-dessus l’a été sur recours de la filiale presse du Groupe Lagardère, la société éditrice Hachette Filipacchi Associés, devenue depuis CMI Publishing, et qui appartient désormais au groupe de M. Daniel Kretinsky. Il est toujours important de savoir de qui l’on parle, comme nous le rappelait justement Jean de La ...
(1) J. de La Fontaine , Les Animaux malades de la Peste, Fables, livre VII, 1678 : « Selon que vous serez puissant ou misérable / Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
(2) N. Blanc et P.-Y. Gautier, Contre l’anonymisation des arrêts publiés : décadence des références de jurisprudence, Dalloz actualité, 6 sept. 2019.
(3) V., C. Bléry et P. Texier, La motivation des décisions sous l’Ancien régime : « percer le mur du secret », conférence tenue à la Cour de cassation, 14 mars 2022.
(4) CNIL, délib. n° 2020-021 du6 févr. 2020, portant avis sur un projet de décret relatif à la mise à disposition du public des décisions des juridictions judiciaires et administratives (demande d’avis n° 19022713) : « La Commission estime ainsi indispensable que des garanties strictes soient mises en œuvre afin de préserver le délicat équilibre entre accès au droit et protection de la vie privée. » Cette primeur donnée à la vie privée étonne d’autant plus que cette notion floue, introduite en 1970 dans le code civil à l’art. 9 n’est pas sans limites dans l’application prétorienne dudit texte.
(5) Ibid.
(6) À titre d’ex. autre, Aix-en-Provence, 23 févr. 2023, n° 18/21197, SNJ c/ SAS Groupe Nice-Matin : le nom propre « Nice » est systématiquement supprimé alors que le nom commun « Matin » demeure et que l’arrêt mentionne le nom de l’avocat et son rattachement au barreau de… Nice !
(7) N. Blanc et P.-Y. Gautier, préc.
(8) En l’espèce, l’arrêt relève que l’accord était envisagé depuis 2013 pour aboutir à une signature en novembre 2021, soit un délai de gestation de 8 ans…
(9) Arrêt commenté, p. 7, pt 1.1. (sur la cession à des tiers des productions de journalistes salariés).
(10) Arrêt commenté, p. 9 et s., pt 1.2. (sur la convention de cession des droits d’exploitation des contributions photographiques conclue avec M. W.).
(11) Arrêt commenté, p. 10.
(12) Civ. 2e, 11 juill. 2019, n°18-10.443, Sté MCA c/ Urssaf : « En se déterminant ainsi, par des motifs impropres à caractériser, pour chacun des travailleurs concernés, l’existence d’un lien de subordination juridique à l’égard de la société, la cour d’appel, qui n’a pas recherché, en particulier, si la société exerçait un pouvoir de contrôle et de sanction sur les intéressés, n’a pas donné de base légale à sa décision » ; Légipresse 2019. 456 et les obs. ; ibid. 571, étude E. Derieux et F. Gras ; ibid. 633, étude E. Derieux.