La loi du 6 janvier 1978 est applicable au moteur de recherche dès lors qu'un traitement de données à caractère personnel se défi nit comme toute opération portant sur de telles données quel que soit le procédé utilisé, notamment sa collecte et sa mise à disposition. La société exploitant les moteurs de recherche, en tant que personne morale qui détermine les fi nalités et les moyens de traitement des données, en indexant les pages web et en les mettant à la disposition des internautes, est responsable de ce traitement. Le moteur de recherche ne supporte pas l'obligation d'information des personnes concernées, une telle révélation étant impossible techniquement ; en revanche il doit aménager la possibilité d'un retrait a posteriori des données litigieuses. Si le traitement par le moteur de recherche des données de la demanderesse n'est pas illicite, l'inaction de celui-ci, à compter de la demande de désindexer les pages web litigieuses, constitue un trouble manifestement illicite.
Le statut juridique des moteurs de recherche revient régulièrement devant les juridictions. Ainsi, dans l'ordonnance du 28 octobre 2010 (1), le juge des référés du tribunal de grande instance de Montpellier a ordonné sous astreinte à la société Google Inc de supprimer de ses moteurs de recherche tous les résultats apparaissant à la suite des requêtes effectuées avec les termes « Madame Z. + swallows » et « Madame Z. + école de Lætitia » renvoyant directement ou indirectement ...
Tribunal de grande instance, Montpellier, Ord. réf., 28 octobre 2010, Madame Z c/ Google InC et a.
Julien LE CLAINCHE
Docteur en Droit, Ingénieur-expert INRIA Droit-tic.com
(3) Loi nº 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique,Jorf n° 143 du 22 juin 2004, p. 11168.
(4) « Madame Z ne justifie pas d'une telle atteinte de la part de la société Google Inc,celle-ci n'étant pas l'éditeur des sites mettant en ligne la vidéo ». Notons qu'il a étéjugé par le Tgi de Paris que l'indexation et donc la reproduction de photographiespar le moteur de recherche Google images ne constitue pas unecontrefaçon mais relève de la liberté d'information, Tgi Paris, 26 mai 2011, N°RG : 11/03433.
(5) L. 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés,Jorf du 7 janvier et rectificatif du 25 janvier, telle que modifiée par la loi 2004-801 du 6 août 2004, Jorf n° 182 du 7 août 2004, p. 14063. Cette loi est aussiconnue sous l'appellation « loi informatique et libertés ».
(6) L. 78-17, art. 38.
(7) Cass. crim. 13 janv.2009, Comm. com électr., avr. 2009, n° 31 ; Rldi févr. 2009,n° 1507, voir aussi Cass. crim. 15 juin 2009, Rldi sept. 2009,n° 1708.
(8) Les « métadonnées » sont des informations contenues dans le code sourced'une page web, qui ne sont pas visibles lors de l'affichage à l'écran, afin d'optimiserson référencement par les moteurs de recherche.
(9) Sur les lois de police, se reporter à Nuiyts, A., « L'application des lois de policedans l'espace », Revue critique de droit international privé 1999, p. 245.
(10) Rigaux, F., « Le régime des données informatisées en droit internationalprivé », Jdi, 1986 ; Mestre, J., « Les conflits de lois relatifs à la protection de la vieprivée », in Mélanges Kayser, t. II, Puam 1979 ; Hanotiau, B., « Les flux transfrontièresde données et la problématique du droit international privé », La télématique,t. II, ed. Story Scienta, 1985 ; Droit de l'informatique et des réseaux, sous ladirection de Vivant, M., Lamy 2010, n° 2390.
(11) En ce sens, se reporter à Cass. 1re civ., 11 mai 1999, Jcp G 1999, II, no 10183,note Muir-Watt, D. 1999, som., p. 295, obs. Audit ; Jdi 1999, p. 1048, note Légier,Rev. crit. Dip 2000, p. 200, note Bischoff cité in Droit de l'informatique et des réseaux,sous la direction de Vivant, M., Lamy, 2010, no 2390. Voir aussi, ChassaingJ.-F., « L'internet et le droit pénal », D. 1996, p. 334.
(12) Leclercq, P., « Loi du 6 août 2004. Les transferts internationaux de donnéespersonnelles », », Comm. com. électr., n° 2, fév. 2005, étude. n° 8. Sur l'applicationde la loi pénale dans le contexte des réseaux de communications électroniques,se reporter à Vivant, M., « Cybermonde : droit et droit des réseaux », Jcp1996, I. 3969 ; Berge J.-S., « La résolution des conflits de lois », in Le droit internationalde l'internet, Bruylant, 2003, p. 517.
(13) En ce sens, se reporter à Tgi Paris, Ord. Réf. 14 avr. 2008, Légipresse n° 254,sept 2008, p. 121.
(14) En ce sens voir, Frayssinet, J., « Informatique et libertés, Loi du 6 janvier1978 », J.-Cl. Pénal, Annexes, Fasc. 10, 20 et 30.
(15) Par exemple, l'article L. 226-1 du Code pénal sanctionne le défaut d'accomplissementdes formalités préalables, y compris par négligence.
(16) Pour une illustration voir, Le Clainche, J., « Liste noire de notaires : dernieracte ? », Rldi 2007/30, nº 1000, p. 35.
(17) Notons que les titulaires d'un compte Google peuvent déjà accéder auxinformations qui les concernent avec le service « Dashboard ».
(18) Pour une illustration voir le moteur Yatedo.fr.
(19) Observons que les intermédiaires techniques ne doivent pas effacer lecontenu, mais le rendre inaccessible afin notamment de conserver des preuvesdans l'hypothèse d'un éventuel contentieux.
(20) Sur les dangers du « conformisme anticipatif » voir, Rouvroy, A., « L'art del'oubli dans la société de l'information » in La sécurité aujourd'hui dans la sociétéde l'information, L'Harmattan, 2007.
(21) Décision n° 2004-496 DC du 10 juin 2004, Jorf n° 14 du 22 juin 2004,p. 11182, Recueil, p. 101.