Une société exploitant un bar restaurant ayant représenté sur un de ses murs une peinture reprenant les traits de Che Guevara, réalisée à partir de la célèbre photographie de Korda, est condamnée pour contrefaçon, la cour d'appel reconnaissant l'originalité du cliché, peu importe qu'une fresque comparable puisse orner l'un des murs d'un monument à La Havane, dès lors que la fresque litigieuse reproduit les caractéristiques essentielles de l'oeuvre sur laquelle les ayants droit du photographe disposent de droits exclusifs. Peu importe également que cette photographie soit diff usée sur de très nombreux supports pour devenir une représentation très largement partagée. Le restaurant, qui diff usait également la même effi gie pour sa publicité commerciale, en la reproduisant sur des articles vestimentaires et sur des serviettes, était également poursuivi en contrefaçon de la marque constituée de la reproduction de la célèbre photographie. La cour juge nulle la marque, car bien qu'incontestablement arbitraire, celle- ci est dépourvue, en soi, de caractère distinctif.
La notoriété de la photographie de Che Guevara, identifi ée sous le nom de « Che au béret et à l'étoile », est absolument considérable.L'importance du contentieux portant sur cette photographie l'est tout autant, à la mesure de la portée immense du rapport symbolique suscitée par cette représentation (1).Dernier en date, un arrêt de la cour d'appel de Paris du 21 mai 2010 (2) a eu à trancher un litige entre les ayants droits du photographe Korda, et un restaurant du quartier de la ...
Cour d'appel, Paris, Pôle 5, ch. 2, 21 mai 2010, SARL Bastille St Antoine c/ Diaz Lopez et a.
(2) CA Paris, 8 déc. 2000, « Rage against the machine » - Diaz Guttierez c/ StéPolygram et autres ; CA Paris, 13 oct. 2006, Magaud, Diaz Lopez et SARL LegendeLLC c/ A nous Paris et SARL Odyssée On Ligne : RTD com 2007, p. 358, obs. Pollaud-Dulian ; Gaz. Pal. 2007, 1, somm. jurispr. p. 2110 ; JCP E 2008, 2130, n° 38, noteBrochard ; Lettre d'information IRPI, juin 2010, n° 37, note Galopin ; CA Paris, 14févr. 2007, Sté Close up Posters c/ Sté Legende, Diaz Lopez, Magaud ; CA Paris, 9 mai2007, SARL Planète Déco c/ Sté Legende, Magaud et Diaz Lopez ; CA Paris, 2 juillet2007, Sté Cartal c/ Sté Legende ; CA Paris, 10 sept. 2008, Diaz Lopez et autres c/ StéAedis : RTD com. 2008, p. 743, note Pollaud-Dulian ; Propr. intell. janv. 2009, n° 30,note Lucas ; Propr. intell. janv. 2009, n° 30, note Lucas ; TGI Paris, 24 sept. 2008,Diaz Lopez c/ Marianne ; CA Paris, 16 oct. 2008, Sté Legende et autres c/ Sté RosaNegra Gifys ; CA Paris, 21 nov. 2008, Sodisud SARL c/ Sté Légende et al. : Juris-Data2008-007171 ; PIBD 2009, n° 889, III, p. 792 ; Comm. com. électr. n° 9, sept. 2009,chron. 8 A.-E. Kahn ; Jurisclasseur Marques - Dessins et modèles, Fasc. 7090, Bonet ;RTD com. 2009, p. 704, note J. Azéma ; CA Paris, 21 nov. 2008, « Trust » Sté Legende,Magaud et Diaz Lopez c/ Sté XIII Bis Records : Propr. industr. 2009, comm. 33, noteP. Tréfi gny-Goy ; Comm. com. électr. n° 9, sept. 2009, chron. 8 A.-E. Kahn ; RLDA,2009.41, note P. Tréfi gny-Goy ; CA Paris, 2 févr. 2009, SARL Bastille Saint-Antoine c/Sté Legende, Diaz Lopez et autres.
(3) CA Paris, 21 mai 2010, SARL Bastille Saint-Antoine c/ Diaz Lopez, Sté Legende :Lettre d'information IRPI, juin 2010, n° 37, note Galopin ; A. Lucas-Schloetter,« L'essentiel droit de la propriété intellectuelle », sept. 2010, n° 4.
(4) L'aff aire posait aussi des questions délicates relatives à l'autorité de la chosejugée et à la procédure, le titulaire des droits étant décédé pendant la procédurede première instance sans que le tribunal et, semble-t-il, l'avocat ne soientau courant. Ces aspects ne sont pas traités dans la présente note.
(5) Cf. Colloque sur l'originalité des photographies SAIF Dante 31 mai 2010Sénat (actes en cours de publication à la RLDI).5. Cf. encore récemment CA Paris 14 avril 2010 Omar S c/ Dailymotion inédit reconnaissance d'un contrat de cession direct conclu en dehors de la SACEM !
(7) Civ. 1re, 24 févr. 1998, JCP E 1999, p. 1485, obs. Chevet ; D. 1998. 471, noteFrançon ; D. 1999. Somm. 64, obs. Colombet ; D. Aff aires 1998, n° 110, p. 539, obs.Sirinelli ; RTD com. 1998. 592, obs. Françon.
(8) G. Vercken « La gestion collective dans la tourmente ? L'exemple de la reprographie» RLDI - février 2005, n° 2, pp. 47-54.
(9) Cf. note 1 - CA Paris, 10 sept. 2008, Diaz Lopez et autres c/ Sté Aedis : RTD com.2008, p. 743, note Pollaud-Dulian ; Propr. intell. janv. 2009, n° 30, note Lucas ;Propr. intell. janv. 2009, n° 30, note Lucas.9. Cf. G. Vercken « Le formalisme dans les contrats d'auteurs : un point après ladécision de la Cour de cassation du 21 novembre 2006 » - RIDA - janvier 2009,n° 219, pp. 5-101.
(11) M. Clément Fontaine Les oeuvres libres - Thèse Montpellier 2006page 285 et suivants.
(12) Traité de droit de la propriété industrielle, J. Passa, LGDJ, 1er tome, 2e éd. 2009,n° 119.
(13) CA Paris, 4e ch. B. 21 novembre 2008. PIBD 2009, n° 889, III, 792.
(14) CA Paris, 4e ch. B. 21 novembre 2008. PIBD 2009, n° 889, III, 792, Propr. Industr.2009, comm. 33, P. Tréfi gny-Goy.14. T. Hassler, « Quelle patrimonialisation pour le droit à l'image des personnes ?Pour une recomposition du droit à l'image », Légipresse 2007, n° 245, II, p. 132.
(16) CA Versailles, 22 septembre 2005, CCE 1er janvier 2006, p. 29, obs. Caron.
(17) TGI Paris, 19 mai 1999, JurisData n° 1999-044541 ; CA Paris, 14 novembre2007, Légipresse 2008, n° 250, III, p. 41.
(18) L.331-1 du Code de la propriété intellectuelle.18. Cass. civ 1re, 28 janv. 2010 : JurisData 2010-051300 ; RJPF 2010, n° 4, note E.Putman, p. 15 ; JCP G, n° 18, chron. G. Loiseau, 516, « les règles sur les contrats decession de droits d'auteur ne s'appliquent pas aux contrats portant sur le droità l'image ».
(20) Cass. 1re civ., 13 novembre 2008, JurisData n° 2008-045785.
(21) Cass. 1re civ., 5 février 2002, Légipresse 2002, n° 192, III, p. 95 ; D. 2002, p. 2253,note B. Edelman, Comm. Com. Electr. 2002, comm. 35, note Ch. Caron ; RIDA3/2002, p. 373 ; LPA 9 juillet 2002, n° 136, p. 16, obs. X. Daverat ; JCP E 2002, 1334,n° 3, obs. Bougerol.
(22) CA Paris, 1re Ch. 14 juin 2001, Propr. intell. 2001, n° 1, p. 58, obs. P. Sirinelli.
(23) CA Paris, 1re ch., sect. A, 10 septembre 1996, TGI Paris, réf., 4 août 1995, RIDA,janv.1996, n° 167, p. 29.
(24) Cass. Civ. 15 février 2005, Bull. Civ. I, n° 86 ; D. 2005, IR 597.