Si le nom patronymique a pour première fonction d'identifier les personnes physiques, il est admis depuis longtemps qu'il puisse également servir à désigner une société, ainsi que ses produits et services. Cette pratique courante n'est pas sans poser de problèmes, qu'il s'agisse de conflits entre homonymes, de sociétés cherchant frauduleusement à bénéficier du renom d'un tiers ou encore, et c'est ce qui fera le sujet de cet article, de conflits opposant le fondateur d'une société, titulaire du nom patronymique à la société porteuse de son nom. La jurisprudence Bordas, qui a dégagé, il y a vingt ans, les principes sur la base desquels ces litiges sont tranchés, vient de s'enrichir de nouvelles décisions.
LE NOM PATRONYMIQUE A POUR PREMIÈRE FONCTION d'identifier les personnes physiques et est, à ce titre, en tant que droit de la personnalité, imprescriptible et inaliénable.Mais il est également admis depuis longtemps, que le nom patronymique d'une personne physique puisse servir à désigner une société, ainsi que ses produits et services. Il peut s'agir du nom d'une personne physique notoirement connue et qui entend faire bénéficier la société créée de sa notoriété, ou bien d'un ...
Anne REBIFFÉ
Avocat au Barreau de Paris Pascal Wilhem & Associés
(2) Grégoire Loiseau, « La propriété d'un nom notoire », D2003 Jur., p. 2228.
(3) Com, 12 mars 1985, Bordas, JCP 1985 II 20400, concl. Montanier et noteBonnet; D1985 J, p. 471, note Ghestin; GP1985, 1, p. 246, note Le Tallec; Ann.Prop. Ind. 1985, 3, obs. Mathély; RTDCom1986, p. 245 obs. Chavanne et Azéma.
(4) Voir par exemple Arrêt Mazenod, CA Versailles, Ch. Réunies, 6 mars 1991,Juris-Data n° 40755 sur renvoi de Cass. Com, 27 février 1990, JCP 1990 II21545, Pollaud-Dulian ; Com, 5 janvier 1988, Balmain, Bull. Civ. 1988 IV n° 6;CA Paris, 14e A, 12 avril 2002, Emile Bridel ; CA Paris, 14 septembre 1988,Muel, RDPI 1988 n° 20, p. 89.
(5) Arrêt Mazenod, CA Versailles, Ch. Réunies, 6 mars 1991 (précité).
(6) CA Paris, 13 janvier 1993, Petrossian, D1994 SC, p. 55 ; Com, 5 janvier1988, Balmain, Bull. Civ. 1988 IV n° 6.
(7) CA Paris, 13 janvier 1993, Petrossian.
(8) Sylviane Durrande, « Entre dénomination sociale et marque, la passerelle nepeut être que contractuelle », D2003 SC, p. 2629.
(9) Com, 5 janvier 1988, Balmain (précitée).
(10) Arrêt Mazenod, CA Versailles, Ch. Réunies, 6 mars 1991 (précité).
(11) CA Paris, 13 janvier 1993, Petrossian (précité).
(12) Com, 26 janvier 1993, Granja, RJDA8-9/ 93 n° 697. Voir également Com,19 janvier 1988, Dourthe, Bull. Civ. 1988 IV n° 42; Voir également Com, 21 avril1992, Miroiterie Atlantique / Miroiterie Broquart, PIBD 530 III 507.
(13) Voir sur la notion de principe de spécialité F. Pollaud-Dulian, Droit de la propriétéindustrielle, n° 1033-1034, Montchrestien nov. 1999.
(14) TGI Paris, 11 mars 1987, (confirmé par CA Paris, 22 juin 1988) BanqueWorms cités dans « Nom patronymique, nom commercial et marque », YvesReboul, Cahier droit de l'entreprise1989 n° 4, p. 28.
(15) Com, 6 mai 2003, Ducasse, JCP 2003 II 10 169, note E. Tricoire ; D2003J, p. 2228, note G. Loiseau ; D2003 SC, p. 2629 obs. Sylviane Durrande ; D2003 SC, p. 1565 obs. J. Daleau.
(16) «L'usage du nom à titre de dénomination sociale ou de marque », GrégoireLoiseau, JCPII 10169.
(17) TGI Paris, 3e Ch 1re S, 7 septembre 2005 (inédit frappé d'un appel).
(18) TGI Paris, 17 septembre 2004, Inès de La Fressange, JCP II 10182, notef. Pollaud-Dulian.
(19) CA Paris, 4e ch. A, 15 décembre 2004, Prop. Int., Avril 2005 n° 15, p. 201.
(20) TGI Paris, 3e Ch., 3e S., 29 juin 2005, Olivier Lapidus / Société Parfums TedLapidus (inédit Non frappé d'appel à notre connaissance).
(21) Claude Colombet, « Le nom et les propriétés incorporelles », D1989 Ch.,p. 31.