La marque « Let's Grau », enregistrée à l'Institut national de la propriété industrielle (INPI) par une commune, en vue de son utilisation sur différents outils de communication touristique, ne méconnaît pas l'obligation d'emploi de la langue française au sens de la loi du 4 août 1994.
La commune du Grau-du-Roi a adopté, en décembre 2015, la marque « Let's Grau », enregistrée à l'Institut national de la propriété industrielle (INPI) le 2 mars 2016 en vue de son utilisation sur différents outils de communication touristique. L'association Francophonie Avenir a contesté ce choix et demandé au maire d'y renoncer, ce qu'il a refusé. L'association a alors saisi le tribunal administratif de Nîmes qui, sur sa demande, a annulé la décision de refus et exigé la ...
Conseil d'Etat, 22 juillet 2020, no 432372 Association Francophonie Avenir c/ Commune du Grau-du-Roi
Emmanuel DREYER
Professeur à l'Ecole de droit de la Sorbonne (Université Paris 1)
9 novembre 2020 - Légipresse N°387
2825 mots
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(1) CE, 5e et 6e ch., 22 juill. 2020, no 435372, Association Francophonie Avenir, Légipresse 2020. 472 et les obs..
(2) Cons. const. 29 juill. 1994, no 94-345 DC, Loi relative à l'emploi de la langue française, § 9, AJDA 1994. 731, note P. Wachsmann ; D. 1995. 295, obs. E. Oliva ; ibid. 303, obs. A. Roux.
(3) V., le site internet FranceTerme, du ministère de la Culture.
(4) J. Huet, Une jurisprudence administrative bien peu « francophonique », CCE 2019. Étude 12, no 3.
(5) De la même façon, aurait pu être invoqué l'article 7 de la loi qui dispose : « Les publications, revues et communications diffusées en France et qui émanent d'une personne morale de droit public, d'une personne privée exerçant une mission de service public ou d'une personne privée bénéficiant d'une subvention publique doivent, lorsqu'elles sont rédigées en langue étrangère, comporter au moins un résumé en français ».
(6) En réalité, la cour a peut-être simplement voulu dire que l'on ne traduit pas un calembour constitué à partir d'un mot étranger, de sorte qu'il ne peut avoir d'équivalent en langue française. Il ne s'agit donc pas d'attribuer ici à l'humour une importance qu'il n'a pas : il ne peut dispenser du respect des lois, spécialement de celle-ci.
(7) M. Sabatier, La marque en langues étrangères, Propr. intell. 2012, no 43, p. 245.
(8) V., déjà, évoquant un risque de « fraude » à la loi, V. Gastinel et C. Levalet, Marques et slogans étrangers : que faut-il traduire ?, Légicom 1995/3, no 9, p. 58, no 14.