Une personne qui avait été impliquée dans une aff aire de corruption de mineure avait assigné le moteur de recherche Google en diff amation au motif que lorsqu'il eff ectuait une recherche sur son patronyme par le biais des fonctionnalités « Suggest et Recherches associées », apparaissaient les termes « viol », « condamné », « sataniste » ou « prison » associés à ses nom et prénom. Infi rmant le jugement de première instance, la cour d'appel l'a débouté de toutes ses demandes et a fait bénéfi cier le directeur de la publication de Google Inc. de l'excuse de bonne foi. L'intéressé a formé un pourvoi en cassation. La Cour rejette le pourvoi, estimant que c'est à bon droit que les critères de prudence dans l'expression et de sérieux de l'enquête se trouvaient réunis au regard d'un procédé de recherche dont la fonctionnalité se bornait à renvoyer à des commentaires d'un dossier judiciaire publiquement débattu. De même, la cour d'appel a relevé que la société Google France sollicitait à bon droit sa mise hors de cause dès lors qu'elle n'avait pas de responsabilité directe dans le fonctionnement du moteur de recherche ni dans le site google.fr et qu'elle n'était pas concernée par l'élaboration des items incriminés.
Par son arrêt du 19 février 2013 (1), la première chambre civile de la Cour de cassation reconnaît à la fonctionnalité Google Suggest le bénéfice de l'excuse de bonne foi en jugeant que « les critères de prudence dans l'expression et de sérieux de l'enquête se trouvaient réunis au regard d'un procédé de recherche dont la fonctionnalité se bornait à renvoyer à des commentaires d'un dossier judiciaire publiquement débattu ». Cette décision peut sembler s'inscrire dans la ...
Cour de cassation, 1re ch. civ., 19 février 2013, Pierre X. c/ Google inC et a.
(2) Civ. 1re 19 février 2013, n° de pourvoi 12-12798
(3) « Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé est-elle constitutive d'une atteinte aux droits de la personnalité ? » Étude de lajurisprudence en matière de fiction du réel, CCE mars 2007 Étude n° 5, ArmelleFourlon.
(4) La neutralité de Google remise en question devant la justice, La Tribune,Sandrine Cassini, 14 septembre 2011 à propos de Tgi Paris 22 juin 2011 http://www.latribune.fr/technos-medias/internet/20110914trib000649423/la-neutralite-de-google-remise-en-question-devant-la-justice.html
(5) CA Paris, 5e ch., sect B, 19 mars 2009 RG 08/05175.
(6) Cjue 20 mars 2010 C 236/08.
(7) CA Paris (pôle 5- ch. 1) 26 janvier 2011, RG 08/13423 donnant à GoogleImages un rôle purement technique, automatique et passif du service litigieuxet la qualité de prestataire intermédiaire de stockage.
(8) C'est nous qui soulignons http://support.google.com/websearch/answer/106230?hl=fr
(9) « Google Suggest, l'inconscient d'Internet », Vincent Glad, Slate.fr 11 nov. 2010http://www.slate.fr/story/30045/google-suggest-google-instant-racisme« La liste noire de Google », Vincent Glad, Slate.fr 5 juillet 2012 http://www.slate.fr/story/58893/liste-noire-de-google-juif-gay-nu
(10) CA Paris (pôle 1, 2e ch.) 9 décembre 2009, http://www.legalis.net/?page=breves-article&id_article=2804 sur appel de TC Paris (réf ), 7 mai2009, RG 20090175577, Google ayant supprimé promptement la suggestion« direct énergie » « arnaque » à la suite d'une injonction judiciaire, et la courreconnaissant que rien ne permet de mettre en doute que les dix suggestionslitigieuses sont le résultat d'un calcul statistique automatique fait à partir desdix requêtes les plus populaires comprendre le plus souvent formulées chez les internautes utilisant Google pour écarter cependant la neutralitédu mode d'établissement du système dès lors que Google en est l'auteur, enl'absence d'avertissement sur les conditions d'utilisation de la fonctionnalitéporteuse du sens à donner à la suggestion fautive et même si l'affichage de larequête est porteuse d'une information objective et potentiellement utile.
(11) Tgi Paris, 17e ch., 8 sept 2010, RG 10/7440.
(12) « Google Instant filtre Bit Torrent, Rapidshare et Megaupload », sur www.numerama, 27 /01/2011.
(13) Voir « Boycotté par Google Suggest : quelle faute a donc commis Rousseau» ?, Maxime Lebufnoir, 25 fév. 2013 http://www.rue89.com/2013/02/25/quelle-faute-commis-rousseau-pour-etre-boycotte-par-google-suggest-240010 citant Guillaume Sire, doctorant, Google peut clairementintervenir sur les suggestions « pour être sûr d'en ôter certains termes. L'interventionmanuelle est donc possible et effectuée dans certains cas ce qui octroie unevéritable responsabilité à la firme ».
(14) CA Paris (pôle 2, ch.7), 14 déc. 2011, ayant donné lieu au pourvoi n° 12-12798 et Tgi de Paris (17e ch), 15 fév. 2012, Kriss Laure / Larry P., Google Inc.et a, prenant en compte le fait qu'un moteur concurrent avait supprimé lasuggestion litigieuse. Cf. notes 9 et 10 et Tgi de Paris, 17e ch., 4 décembre 2009,Jpl-Cnfdi /Google Inc., actuellement en appel devant le pôle 2 chambre 7 quidevra statuer sur la prescription de l'action.
(15) Cf. note 9 et réformant TC Paris (réf.) 7 mai 2009.
(16) Tgi Paris, 17e ch. Réf 10 juil. 2009.
(17) Cf. note 9.
(18) TC Paris (réf.), 2 mars 2010, Rivalis / Google France et Inc.
(19) Tgi de Paris (réf ). 22 juil. 2010, Omnium Finance / Google Inc., Jfg Networkset a.
(20) CA Paris, (pôle 2, ch. 7), 14 décembre 2011, Google / Lyonnaise de garantie, statuantle même jour sur l'affaire commentée ; voir aussi décisions citées note 13,sanctionnant (pour la décision 4 décembre 2009) sur le fondement de l'injure, lasuggestion associant le nom d'une société au terme « arnaque », car le terme renvoie« dans un registre familier et sur un mode générique, à l'idée de vol, d'escroquerie,de tromperie ou de tricherie », et constitue, sous la forme d'un slogan qui est alorsla sienne, une invective.
(21) Décision citée à la cote 13 du 15 février 2012, et voir aussi Tgi de Paris (17e ch.),31 oct. 2012, Antonino M. / Google Inc. qui, sans revenir de manière détaillée surles aspects techniques de la fonctionnalité a considéré que concernant une personnephysique le qualificatif « secte » exclut l'assimilation à une « communauté »,cet agrégat de mots-clés perdant toute signification claire et univoque y comprissa signification outrageante et pouvant au surplus tout autant indiquer que cettepersonne a été victime d'une secte, ou bien participe à la lutte contre les sectes,ou encore fait des recherches dans ce domaine, renvoyant ainsi à des situationsbien différentes dont la plupart ne sont ni répréhensibles ni outrageantes.
(22) Décision précitée, note 13 du 15 février 2012 : l'item litigieux est incontestablementde nature à orienter la curiosité ou à appeler l'attention sur le thèmeproposé et, ce faisant, de nature à provoquer un effet boule de neige d'autantplus préjudiciable à qui en fait l'objet que le libellé le plus accrocheur se retrouveraainsi plus rapidement en tête de liste des recherches proposées.
(23) Extraits du site Google http://support.google.com/websearch/answer/106230?hl=fr
(24) Pour une vision complète, Ch. Bigot, Pratique du droit de la presse, 2013,Victoires Éditions, p. 129 et suiv.
(25) Cédric Manara « Les moteurs de recherche, les sites illicites et leurs utilisateurs», note sous Civ. 1re 12 juillet 2012, Snep c/ Google, Dalloz, 2012, p. 1180.
(26) Civ. 1re 12 juillet 2012, Snep c/ Google, avec une note de Christophe Alleaume,Légipresse n° 298, octobre 2012, p. 561, et voir note 26 citant une décisionbelge du tribunal de Louvin ayant rejeté la demande consistant à supprimer lasuggestion renvoyant vers un programme générateur de clés de déverrouillagecontribuant à la commission d'actes de contrefaçon ; Google ne pouvant êtreconsidérée comme responsable des sites web potentiellement impliqués dansdes activités de piratage et écartant l'argument selon lequel l'affichage d'unmessage d'avertissement pour ce genre de termes sensibles devait être diligenté.
(27) Cjue, 12 juillet 2011, et pour une approche en droit comparé Google suggest :analyse de la première jurisprudence helvétique à l'aune des décisions récentessur le plan international par Sébastien Fanti, http: //www.alain-bensoussan.com/wp-content/uploads/22505320.pdf citant une décision américaine Goddard v.Google, Inc United States District Court for the Northern District of California July30, 2009 http://en.wikipedia.org/wiki/Goddard_v._Google,_Inc et https://www.eff.org/sites/default/files/goddard-v-google.pdf, et une décision italienne du31 mars 2011 dans laquelle le tribunal de Milan a reconnu en appel le caractèrediffamatoire d'une suggestion qui associait le nom d'un entrepreneur italien auxtermes « escroc » et « escroquerie » http://www.piana.eu/files/Ordinanza.pdf ethttp://www.edri.org/edrigram/number9.8/italian-case-google-suggest
(28) Lettre de mission commission référencement.pdf et Décision de nominationcommission référencement.pdf