Le site ebay.fr a incité à plusieurs reprises les internautes français à consulter le site ebay.uk pour élargir leurs recherches ou profiter d'opérations commerciales pour réaliser des achats. Au demeurant, il existe une complémentarité entre ces deux sites. En l'état de ces constatations et appréciations, la cour d'appel, qui a fait ressortir, sans méconnaître les termes du litige, que le site ebay.uk s'adressait directement aux internautes français, a légalement justifié sa décision de retenir la compétence des juridictions françaises pour connaître de l'activité de ce site. C'est à juste titre que la cour d'appel a jugé que les sociétés eBay n'avaient pas exercé une simple activité d'hébergement, mais qu'elles avaient, indépendamment de toute option choisie par les vendeurs, joué un rôle actif de nature à leur conférer la connaissance ou le contrôle des données qu'elles stockaient et à les priver du régime exonératoire de responsabilité prévu par l'article 6.1.2 de la loi du 21 juin 2004 et l'article 14 §1 de la directive 2000/31.
Pionnière du commerce électronique et actrice majeure des transactions dématérialisées, eBay est également devenue, au fil des années, une cliente régulière des tribunaux français, à l'origine d'une jurisprudence particulièrement nourrie. Comme Google et dans une moindre mesure Dailymotion, eBay contribue, bien malgré elle, à la définition du régime juridique des prestataires d'hébergement. Elle permet en effet aux juges de définir et depeaufiner les conditions d'application du ...
Cour de cassation, Ch. com., 3 mai 2012, Sociétés eBay c/ Louis Vuitton Malletier et a. (3 arrêts dans le même sens)
(2) Tgi Paris, 26 octobre 2010 (Maceo c. eBay Inc., eBay Europe et eBay France) ; TgiParis, 13 mars 2012 (Maceo c. eBay International AG).
(3) CA Paris, 17 février 2010 (Marithé & François Girbaud c. eBay Europe, eBayFrance, eBay Inc. et eBay International AG), CA Paris, 22 mai 2012 (mêmes parties),CA Paris, 4 avril 2012 (Groupement des Brocanteurs de Saleya et Collectif desBrocanteurs et Antiquaires c. eBay France et eBay International AG).
(4) CA Reims, 20 juillet 2010 (eBay France c. Hermès International).
(5) Cass. com. 20 novembre 2011 (Maceo c. eBay International AG) ; Cass. com.3 mai 2012 (eBay Inc. et eBay International AG c. Christian Dior Couture ; eBay Inc. eteBay International AG c. Louis Vuitton Malletier ; eBay Inc. et eBay International AG c.Parfums Christian Dior et LVMH Fragrance Brands).
(6) Cjue, 12 juillet 2011 (L'Oréal & Autres c. eBay International & Autres).
(7) Naguère, il était en effet difficile de déterminer laquelle des sociétés dugroupe eBay exploite en pratique le site « eBay.fr ». À l'heure actuelle, il sembleétabli qu'il s'agit de la société eBay International AG, société de droit suisse. Lasociété eBay France, pour sa part, ne semble pas jouer de rôle à cet égard, cequi ne signifie pas qu'il ne soit pas utile de l'assigner par ailleurs (cf. CA Paris,4 avril 2012, Groupement des Brocanteurs de Saleya et Collectif des Brocanteurs etAntiquaires c. eBay France et eBay International AG).
(8) Par exemple www.ebay.co.uk pour la déclinaison britannique, www.ebay.depour la déclinaison allemande, etc.
(9) Règl. (CE) 44/2001, Conseil, 22 décembre 2000, concernant la compétencejudiciaire, la reconnaissance et l'exécution des décisions en matière civile etcommerciale.
(10) Même si le nom de domaine générique de premier niveau «.com » ne peutêtre rattaché à un pays (contrairement au «.fr » pour la France ou au «.de » pourl'Allemagne, par exemple), ce site est manifestement dirigé vers les consommateursinternautes américains.
(11) V. not. CA Paris, 14 février 2008 (Zidane c. Unibet).
(12) Cass. com., 7 juin 2006, n° 04-12.274.
(13) Cassation au visa de l'article 46 du Code de procédure civile.
(14) Par exemple, à l'occasion du Jubilé de la Reine d'Angleterre, le site a proposédes offres spéciales sous l'appellation « Royal week-end deals », en faisantfigurer à la fois un drapeau britannique et le drapeau de la monarchie anglaise,ce qui ne laisse planer aucun doute sur le public-cible.
(15) TC Paris, 30 juin 2008, Parfums Christian Dior et autres / eBay Inc, eBay InternationalAG, www.legalis.net.
(16) Nonobstant cette distinction, le Tribunal de commerce avait retenu laresponsabilité d'eBay au titre de la vente de produits contrefaisant les marquesde la société Hermès, faute d'avoir veillé à l'absence d'utilisation répréhensiblede son site internet, alors même qu'un hébergeur n'est pas tenu de procéder àune surveillance générale de son site
(17) Cjue, 23 mars 2010 (Google France Sarl et Google Inc. c. Louis Vuitton MalletierSA) ; Légipresse n° 274, p. 132, note C. Maréchal.
(18) Cjue, 12 juillet 2011 (L'Oréal & autres c. eBay International & autres).
(19) Tgi Paris, 26 octobre 2010 et 13 mars 2012, précités.
(20) CA Paris, 4 avril 2012, précité.
(21) Droits d'auteur.
(22) Droit sui generis du producteur de la base de données.
(23) CA Paris, 4 avril 2012, précité.
(24) Tgi Paris, 13 mars 2012, précité.
(25) CA Reims, 20 juillet 2010, précité.
(26) Tgi Paris, 14 novembre 2011 (Martinez c. Google et Prisma Presse), Légipresse,n° 290, p. 40, notre note.