Le 28 février 2012, le Conseil constitutionnel a censuré la loi « visant à réprimer la contestation de l'existence des génocides reconnus par la loi », et donc la négation du génocide arménien reconnu par la loi du 29 janvier 2001. Au visa des articles 6 et 11 de la Déclaration de 1789, et de l'article 34 de la Constitution, les sages ont jugé « qu'en réprimant ainsi la contestation de l'existence et de la qualification juridique de crimes qu'il aurait lui-même reconnus et qualifiés comme tels, le législateur a porté une atteinte inconstitutionnelle à l'exercice de la liberté d'expression et de communication ». L'incrimination envisagée dans la loi risquait en effet de restaurer une forme de délit d'opinion, alors qu'il apparaît que les incriminations existantes, et principalement celle de provocation, suffisent à sanctionner les dérapages les plus graves en la matière.
Nathalie Mallet-Poujol
Directrice de recherche au CNRS – ERCIM, UMR 5815 – Université de ...
1er avril 2012 - Légipresse N°293
0 mots
Veuillez patienter, votre requête est en cours de traitement...
(2) Du nom de Valérie Boyer, 1re signataire de la proposition de loi n° 3842,déposée à l'Ass. nat. le 18 oct. 2011 portant transposition du droit communautairesur la lutte contre le racisme et réprimant la contestation de l'existence dugénocide arménien.
(3) L'art. 2 de cette proposition de loi du 23 janv. 2012, modifiait égalementl'art. 48-2 de la loi de 1881.
(4) Cons. const. décis. n° 2012-647 DC du 28 févr. 2012.
(5) v. V. Boyer, Ass. nat. séance 22 déc. 2011, p. 4 et 5.
(6) V. P. Ollier, Ass. nat. séance 22 déc. 2011, p. 6.
(7) V. Ass. nat. Rapport d'information n° 1262, nov. 2008.
(8) V. not., F. Chandernagor, « L'histoire sous le coup de la loi », in Liberté pourl'histoire, avec P. Nora, Cnrs éditions, 2008, p. 28.
(9) V. not., H. Rousso, « Mémoires abusives », Le Monde, 23 déc. 2005.
(10) Rapport n° 1262 op. cit. p. 181.
(11) Décis. 28 févr. 2012 préc.
(12) N. Fresco, « Nouveaux visages du vieil antisémitisme », in La lutte contre lenégationnisme, Doc. fr. 2003, p. 17.
(13) V. en ce sens, not. R. Badinter, in Rapport n° 1262 op. cit. p. 431 ; A. Wieviorka,« L'État et les mémoires : où en est-on ? », Regards sur l'actualité 2009, p. 79.
(14) V. not. M. Rebérioux, « Le génocide, le juge et l'historien », L'histoire, n° 138,nov. 1990, p. 92.
(15) V. Cass. crim. 20 déc. 1994, Boizeau : Bull. n° 424 ; v. aussi Cass. crim. 7 nov.1995, Marais, n° 93-85800.
(16) V. les propositions déposées sur le bureau des Assemblées, visant not. lesgénocides cambodgien, tzigane, ukrainien et vendéen.
(17) Sur l'atteinte à la séparation des pouvoirs entre le législatif et l'exécutif, v.R. Letteron, « Génocide arménien : le Conseil constitutionnel comme dernierrecours », 24 janv. 2012, sur le site libertescheries.blogspot.com
(18) R. Badinter, « Le Parlement n'est pas un tribunal », Le Monde, 15 janv. 2012 ; v.aussi G. Vedel, Les questions de constitutionnalité posées par la loi du 29 janv.2001, Mélanges Luchaire, Publications de la Sorbonne, 2005.
(19) A. Levade et B. Mathieu, « Génocide, une loi inconstitutionnelle », Libération,23 janv. 2012, p. 23.
(20) R. Badinter, Rapport n° 1262, op. cit. p. 430.
(21) V. Cons. const. décis. n° 2006-203 L du 31 janv. 2006.
(22) V. pour la loi du 23 févr. 2005. préc. l'art. 5 relatif aux injures, diffamations etapologie de crimes commis contre les Harkis, complété par la loi n° 2012-326du 7 mars 2012.
(23) Selon la formule de J. Foyer ; v. not. M. Verpeaux, « Neutrons législatifs et dispositionsréglementaires : la remise en ordre imparfaite », D. 2005.. Chron. 1886.
(24) Décis. 28 févr. 2012 préc.
(25) Cons. const. décis. n° 2004-500 DC du 29 juill. 2004, consid. 12. ; Cons. const.décis. n° 2005-512 DC du 21 avr. 2005, consid. 8.
(26) B. Mathieu, « La normativité de la loi : une exigence démocratique », Cahiersdu Cons. const., n° 21, janv. 2007.
(27) V. T. Le Bars, « La méthode législative et l'histoire de la colonisation » :D. 2005, Point de vue, p. 788 ; P. Fraisseix, « Le Droit mémoriel », Revue françaisede droit constitutionnel 2006/3, n° 67, p. 483.
(28) V. art. 1er al. 1 de la loi du 11 juin 1994 préc. et art. 1er de la loi du 23 févr.
(2006) préc.
(29) V. aussi l'actuel art. 4 al. 2 de la loi Mekachera, disposant que « la coopérationpermettant la mise en relation des sources orales et écrites disponibles enFrance et à l'étranger est encouragée ».
(30) Cons. Const. décis. 31 janv. 2006 préc.
(31) P. Cassia, « La fin de la saga des lois mémorielles », interview par L. Alemagna,Libération, févr. 2012 ; v. aussi, CE 26 janv. 2012, n° 353067, rejetant une Qpc,sur l'application de l'art. 5 de la loi Mekachera.
(32) v. Cons. const. décis. n° 85-187 DC du 25 janv. 1985, pt. 10 ; v. aussi Cons.const. décis. n° 99-410 DC du 15 mars 1999
(33) R. Badinter, Sénat, séance du 4 mai 2011
(34) A. Levade et B. Mathieu préc.
(35) Sur les griefs non évoqués dans cette chronique, v. les pt. 6, 7 et 8 dumémoire de saisine des députés
(36) v . art. 5 et 8 de la Déclaration de 1789 et art. 111-3 C. pén.
(37) Cons. const. décis. n° 96-377 DC du 16 juill. 1996, pt 11.
(38) J.-J. Hyest, Rapport Sénat, n° 429 sur la proposition de loi n° 607 préc.,13 avr. 2011, p. 20.
(40) V. sur le périmètre de la loi, le pt. 17 de la saisine des sénateurs, soulevantla distinction entre la loi ayant pour objet ou pour effet de reconnaître ungénocide.
(41) J.-P. Sueur, Rapport Sénat n° 269, 18 janv. 2012, p. 18 ; v. aussi J.-J. Hyest,Rapport Sénat, n° 429 préc.
(42) Cass. crim. Qpc 7 mai 2010, n° 09-80774 : Cce juill.-août 2010, com. 75, noteA. Lepage ; Légipresse, juin 2010, n° 273-15, p. 68.
(43) V. Cedh 7 déc. 1996, Handyside c/ Royaume Uni, pt. 49.
(44) Décis. 28 févr. 2012 préc.
(45) v. F. Terré, « Génocide arménien : pitié pour la liberté de l'historien », LeFigaro, 21 déc. 2011.
(46) P. Vidal-Naquet, Entretien avec F. Bonnet et N. Weill, Le Monde, 4 mai 1996.
(47) M. Troper, « La loi Gayssot et la Constitution », Annales Hss, nov.-déc. 1999,n° 6, p. 1240 ; argument repris au pt. 4 de la saisine des députés.
(48) Lisbonne, Débats et documents parlementaires, Chambre, JO 25 janv. 1881,p. 35.
(49) Cuneo d'Ornano, JO 25 janv. 1881, préc. p. 37.
(50) Délit rétabli en 1893.
(51) Troper, op. cit. p. 1255.
(52) Cedh, 24 juin 2003, aff. Garaudy / France.
(53) V. V. Boyer, Ass. Nat., séance du 22 déc. 2011, p. 4.
(54) Décis. n° 2008/913/JAI : Joue L 328/55 du 6 déc. 2008.
(55) V. D. Raimbourg, Rapport Ass. nat. n° 4035/ 2011, p. 9.
(57) CA Metz 14 mars 1990, aff. B. c/ Ldh et Mrap, inédit ; CA Paris, 21 juin 1990,n° 9240/89, inédit.
(58) V. Cass. crim. 29 janv. 1998, National Hebdo préc.
(59) Cass. crim. 12 sept. 2000, n° 98-88202, Garaudy, 1re esp. ; Tgi Paris 22 oct.1996, Delcroix : Légipresse, mars 1997, n° 139. III. 26 ; Tgi Paris 13 déc. 1999, Graf :Légipresse mars 2000, n° 169. I. 19.
(60) V. Tgi Paris, 26 mars 2004, aff. Tintin mon copain : Légipresse, oct. 2004, n° 216.
(61) Sur des poursuites pour négationnisme et provocation, v. Cass. crim.12 sept. 2000, n° 98-88203, Garaudy, 2e esp. ; sur des propos provocateurs, v. TgiParis, 26 mars 2004, préc. ; Tgi Paris, 3 oct. 2006, Faurisson : Légipresse, déc. 2006,n° 237. I. 179.
(62) Cass. crim. 17 juin 1997 préc.
(63) Sur un refus d'insertion de droit de réponse, v. Cass. 1° civ. 11 juin 2009,Gollnisch : Légipresse, janv. 2010, n° 268. III. 6, avis Av. Gén. M. Domingo.
(65) V. Cass. crim. 23 juin 2009, Gollnisch : Bull. n° 132 ; Légipresse, févr. 2010,n° 269. III. 32, note E. Derieux.
(66) Tgi Paris 8 juill. 1981 : D. 1982, J. 59, note Edelman ; confirmé par CA Paris,26 avr. 1983, (inédit) cité par D. Bécourt au Jcp 1988, J. 21083.
(67) Cass.1° civ. 15 juin 1994 : Bull. n° 218.
(68) Tgi Paris 21 juin 1995, Lewis : Légipresse, oct. 1995, n° 125. I. ; Les petites affiches,29 sept. 1995, n° 117, p. 17, note O. Roumelian ; v. aussi, sur la descriptionnon fautive du génocide arménien dans le Quid, CA Paris, 7 mars 2007 : D. 2007,J. 2513, note J.-B. Racine et E. Dreyer ; v. encore CA Paris, 8 nov. 2006 : D. 2007,J. 851, note J.-B. Racine et E. Dreyer.
(69) Cass. 2° civ. 18 déc. 1995, Le Pen : Bull. civ. II, n° 314.
(70) V. en ce sens, Cedh 23 sept. 1998, Le Hideux et Isorni, préconisant, en matièred'apologie des crimes de collaboration, les « voies de droit civiles »
(71) P. Nora, « La France est malade de sa mémoire », Le Monde 2, 18 févr. 2006,p. 22.
(72) J.-P. Schosteck, Rapport Sénat n° 165, annexe au PV de la séance du 20 déc.2000.
(73) Rapport n° 1262, préc. p. 101.
(74) Rapport E. Pelletan, Sirey 1882, Lois annotées, p. 2.