Les propos litigieux, portant sur une question d'intérêt public relative aux difficultés d'intégration de la communauté rom, ne dépassaient pas les limites admissibles de la liberté d'expression. Le délit de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale n'était constitué en aucun de ses éléments.
L'article 24 alinéa 8 de la loi du 29 juillet 1881 dispose que « ceux qui, par l'un des moyens énoncés à l'article 23 (1), auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende ou de l'une de ces deux peines ...
Cour de cassation, ch. crim., 7 juin 2011, MM. Tessier et Laulan
(2) C'est-à-dire de manière publique, au sens de ce texte.
(3) Dont la numérotation n'a pas été sans quelques diffi cultés : article 24 alinéa 5(Crim., 3 mars 1980, Bull. crim. 1980, n° 74), alinéa 6 (Crim., 24 juin 1997, Bull. crim.1997, n° 325), puis fi nalement 8 (Crim., 8 juin 2004, n° 03-85.856, Droit pénal2005, comm. 4, note M. Véron).
(4) L'animateur de l'émission ainsi que deux invités et deux journalistes étaientégalement retenus dans les liens de la prévention, à raison de leurs propresinterventions. Tous furent toutefois relaxés.
(5) Dans le cadre du présent commentaire, nous n'aborderons pas les autresarguments des pourvois, invoquant le désistement qui serait intervenu encause d'appel, la nullité des poursuites engagées par le Ministère public ou laviolation du droit au procès équitable, pour lesquels il est renvoyé à la versionintégrale de l'arrêt.
(6) Not. Crim., 3 février 2009, n° 06-83.063 ; 29 janvier 2008, Légipresse n° 253, III,p. 134, note E. Dreyer.
(7) E. Dreyer, note précitée, p. 138.
(8) Tgi Paris, 17e ch. corr., 18 février 2011 ; Légipresse n° 282, p. 240, note E. Derieux.
(9) CA Paris, 18 novembre 2009, Légipresse n° 271, I, p. 65.
(10) P. Auvret, JCl Communication, « Messages racistes ou discriminatoires »,n° 108.
(11) Crim., 28 janvier 1992, n° 91-81778.
(12) Tgi Paris, 17e ch. corr, 5 février 2009 ; Légipresse n° 259, I, p. 34.
(13) Tgi Paris, 17e ch. corr., 20 octobre 2009, Légipresse n° 267, I, p. 185 ; confirmépar CA Paris, 27 janvier 2011 ; Légipresse n° 282, p. 211.
(14) Crim., 24 juin 1997, n° 95-81.187.
(15) Crim., 15 janvier 1998, n° 96-82732.
(16) Crim., 3 février 2009, n° 06-83.063 ; 13 novembre 2001 ; Légipresse n° 189, III,p. 24.
(17) Tgi Paris, 17e ch. corr., 18 février 2011, précité.
(18) Crim., 15 janvier 1998, précité.
(19) Traité de droit de la presse et des médias, B. Beigner, B. de Lamy, E. Dreyer,Litec, n° 843 et s.
(20) J.-H. Robert, JCl Communication, « Apologies et provocations de crimes etdélits », n° 22.
(21) Crim., 14 mai 2002, n° 01-85.482.
(22) Tel n'est pas le cas de « la France » : Crim., 1er mars 2011 ; Dr. pénal 2011,comm.78, note M. Véron.
(23) Crim., 21 mai 1996, Bull. crim. 1996, n° 210.
(24) Tgi Paris, 17e ch. corr., 15 octobre 2002 : « s'agissant de provocation à la discrimination,à la haine ou à la violence, la mauvaise foi ne se présume pas, et il revient,en conséquence, aux parties poursuivantes de prouver la réalité de I'intentioncoupable » ; Légipresse n° 197, I, p. 155.
(25) CA Paris, 27 janvier 2011 ; Légipresse n° 282, p. 211.
(26) Tgi Paris, 18 février 2011, précité.
(27) Selon les juges d'appel, les propos incriminés présentaient la communautérom « comme particulièrement criminogène et donc comme dangereuse, pratiquementinassimilable qu'il s'agisse des parents ou des enfants, délinquants ou pas, etfinalement susceptible de déferler en masse sur le territoire français » !
(28) Principe déjà énoncé par la même chambre dans un arrêt du 12 novembre2008 : Légipresse n° 258, III, p. 12, note G. Tillement.
(29) Crim., 13 mars 1989, n° 86-93846 ; 13 juin 1995, n° 93-82.144 ; 13 novembre2001, Légipresse n° 189, I, p. 24 ; 20 juin 2006, n° 05-86.690. Par ailleurs, surla conformité de l'article 24 aliéna 8 à l'article 11 de la Déclaration des droitsde l'homme et du citoyen, mise en cause par voie de Qpc, v. CA Bordeaux,22 octobre 2010, D.2011, p. 931, note G. Poissonnier et, sur pourvoi, Crim., 7 juin2011, n° 10-88.315.
(30) Cedh, 10 juillet 2008, Soulas et autres c. France, requête n° 15948/03. La Coureuropéenne a également conclu à l'absence de violation de l'article 10 § 1dans un arrêt Willem c. France du 10 juillet 2009 (req. n° 10883/05).
(31) Not. Cedh, 7 décembre 1976, Handyside c. Royaume-Uni, requête n° 5493/72.
(32) V. Not. Cedh, Soulas et autres c. France (précité), § 35 et la jurisprudence citée.
(33) CA Versailles, 27 avril 2011, n° 10/03085.
(34) Tgi Paris, 17e ch. corr., 8 juillet 2011, inédit.
(35) Cedh, 7 novembre 2006, Mamère c. France.
(36) Crim., 30 mai 1997, n° 06-84.328.
(37) La terminologie d'intérêt « public » au lieu d'intérêt « général » ne nousapparaît pas en l'espèce déterminante. V. également, dans le même sens :A. Lepage, « Infractions à la loi du 29 juillet 1881 et caractère d'intérêt généraldu sujet », Cce 2011, n° 9, comm.79.