Lorsque les propos incriminés atteignent une profession considérée dans son ensemble et n'en reportent le blâme sur aucune personne déterminée, le délit de diff amation ou d'injure n'est pas constitué. Un ordre professionnel qui se plaint de propos « off ensant à l'égard de la profession » est donc recevable à agir sur le fondement de l'article 1382 du Code civil.
Dans le prolongement des proclamations et idéaux révolutionnaires (1), le législateur de 1881 a entendu mettre fin à la répression de délits d'opinion larges et indéfi nis au moyen d'un encadrement strict des délits portant atteinte à la liberté d'expression. Dans cette même optique, les célèbres arrêts de l'assemblée plénière de la Cour de cassation du 12 juillet 2000 ont entendu faire cesser les contournements de la loi de 1881 opérés par la 2e section civile de la Cour de ...
Tribunal de grande instance, Paris, 17e ch. civ., 19 mai 2010, L'Ordre des avocats à la cour d'appel de Paris et a. c/ P. Ribeiro
(2) Voir l'article 11 de la déclaration des droits de l'homme du 26 août1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits lesplus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement,sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ».
(3) Voir : Cass. civ. 2e, 5 mai 1993, Bull. civ. II, n° 167.
(4) « De la cohabitation entre la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse etl'article 1382 du Code civil » par Nathalie Mallet-Poujol, Légipresse 2006, n° 234,II, p. 93.
(5) Voir notamment : CEDH, 13 oct. 2009, Dayanan c/Turquie, D. 2009.2897, noteJ.-F. Renucci.
(6) Cass. civ. 1re, 27 sept. 2005, Légipresse 2006, III, p. 57 note F. Watrin ; D. 2006,J. 485 note T. Hassler.
(7) Voir également : Cass. 2e civ., 25 janv. 2007, Bull. civ. II, n° 19.
(8) Cass. civ. 1re, 30 oct. 2008, Bull. civ. I n° 244 ; JCP G n° 3, 14 janv. 2009, II 10006,note E. Dreyer.8. Cass. civ. 2e, 7 oct. 2004, Bull. civ. II n° 445 (dénigrement du Champagne) ;Cass. civ. 2e, 8 avril 2004, Bull. civ. II n° 182 ; Cass. civ. 1re, 5 déc. 2006, Bull. civ. In° 532 (mise en cause des prestations fournies par une société émanant d'unconcurrent) ; Cass. civ. 2e, 8 avr. 2004, Légipresse 2004, n° 212, I, p. 76.
(10) TGI Paris, 17e ch., 6 juil. 2005, Légipresse nov. 2005, n° 226.I.161, confi rmé parCA Paris, 11e ch., sect. A, 7 mars 2007, Légipresse 2007, n° 241, I, p. 68.
(11) Cass. civ. 1re, 15 juin 1994, Bull. civ. I, n° 218 : « indépendamment desdispositions spéciales concernant la presse et l'édition, et eu égard au droit dupublic à l'information, l'auteur d'une oeuvre relatant des faits historiques engage saresponsabilité à l'égard des personnes concernées lorsque la présentation des thèsessoutenues manifeste, par dénaturation, falsifi cation ou négligence grave, un méprisfl agrant pour la recherche de la vérité ».
(12) Cass. crim., 9 fév. 1954, Bull. crim. n° 63. Voir également, s'agissant decritiques acerbes contre la profession de mannequin : Cass. crim. 5 mai 1964,Bull. crim. n° 146.
(13) TGI Paris, 13 déc. 1978, D. 1979, p. 378, note D. Mayer.
(14) Voir notamment : s'agissant des francs-maçons Cass. crim. 16 fév. 1893, DP1894.1.25 ; s'agissant des résistants et déportés Cass. crim. 16 déc. 1954, Bull.crim. n° 409 ; s'agissant des exploitants agricoles Cass. crim. 16 sept. 2003, Bull.crim. n° 161.
(15) Voir à propos de la recevabilité de l'action en réparation introduite par unévêque contre l'auteur d'un tract injurieux sur l'ensemble du clergé : Cass. civ.13 juin 1939, DH 1939. 386.
(16) Voir également, à propos des administrateurs et mandataires judiciaires : CAParis,1re ch, 30 juin 2000, Juris-Data 2000-125543.
(17) Voir notamment : Cass. civ. 2e, 22 juin 1994 : D. 1995, somm. p. 268, obs.Th. Massis (atteinte à la mémoire des morts n'entrant pas exactement dans lesprévisions de l'article 34).17. CA Paris, 1re ch. C, 6 mars 1992 : Légipresse n° 95, III, 108. 18. Cass. civ. 1re, 21 fév. 2006, Bull. civ. I n° 90, Gaz. Pal. 2007, somm. p. 3418, noteP. Guerder.