L'ARRÊT RENDU PAR LA PREMIÈRE chambre civile de la Cour de cassation le 29 novembre 2005 (1), à propos de l'organisation d'un prix de beauté, s'inscrit dans une jurisprudence constante qui refuse de protéger les règles de concours en les écartant de la notion d'oeuvre "protégeable". Dans cette affaire, Mme Hamel avait eu l'idée, lorsqu'elle travaillait pour le magazine Marie-France, d'organiser un prix Oscar de la Beauté visant à récompenser chaque année les meilleures marques ...
Cour de cassation, 1re ch. civile, 29 novembre 2005, Sté Marie-Claire album c/ Mme T. Hamel
Anne-Emmanuelle KAHN
Maître de conférences à l'Université Lumière Lyon 2
(2) Civ. 1re 29 nov. 2005, D. 2006, p. 517, note A. Tricoire ; Lamy Droit de l'immatériel, n° 14,mars 2006, n° 401, obs. L. Costes.
(3) CA Versailles, 14 janv. 2004, RIDA 2004, n° 201, p. 280 ; Gaz. Pal. nov.-déc. 2004,p. 4015, note L. Dupont.
(4) De ce fait, la question de la qualification d'oeuvre collective ne s'est pas posée devantla Cour de cassation.
(5) A. Le Tarnec, Propriété littéraire et artistique, Paris, 1966, p. 178. C. Colombet, Propriétélittéraire et artistique, Paris, 1980, p. 21.
(6) H. Desbois, Le droit d'auteur en France, 3e éd., Paris, p. 22.
(7) Civ. 1re 17 juin 2003, Bull. Civ. I, n° 148, p. 116.
(8) A. et H.J. Lucas, Traité de la propriété littéraire et artistique, Litec, 2e éd., 2001, n° 46.
(9) V. aussi : CA Paris 4e ch., 29 juin 1977 : à propos du concept du concours "Miss France". TC Paris 15 fév. 2000, Juris-Data n° 110221 : pour l'idée d'un concours désignant les« sept merveilles du monde». Civ. 1re 17 juin 2003, cité par L. Dupont, note sous Versailles14 janv. 2004 préc.
(10) Y. Cherpillod, L'objet du droit d'auteur, CEDIDAC, 1985, n° 167.
(11) A. et H.J. Lucas, Traité de la propriété littéraire et artistique, Litec, 2e éd., 2001, n° 56. B. Edelman, «Création et banalité », D. 1983, chron. p. 73.
(12) CA Paris 13 mars 1986, D.1987, somm. p. 150, obs. C. Colombet.
(13) TGI Paris 26 mai 1987, D.1988, somm. p. 201, obs. C. Colombet : l'artiste n'a pas puinterdire l'emballage d'arbres sur une avenue parisienne.
(14) Signalons que la Cour de cassation a fait usage de l'article 627 alinéa 2 du NCPC quipermet que l'arrêt soit cassé sans renvoi.
(15) P.-Y. Gautier, Propriété littéraire et artistique, PUF 3e éd., 2001, n° 26 et s. Soutenantaussi ce critère : B. Edelman, commentaire de CA Paris 4e ch., 27 mars 1998, D. 1999,p. 417.
(16) Civ. 1re 17 juin 2003, D. 2003, AJ p. 2014 ; RTD com. 2004, p. 271, obs. F. Pollaud-Dulian.
(17) CA Paris 4e ch. A, 26 oct. 2005, inédit.
(18) CA Paris 12 fév. 1990, D. 1990, IR, p. 78 : à propos d'un projet d'émission detélévision.
(19) CA Paris 4e ch. B, 27 mars 1998, D. 1999, p. 417, note B. Edelman : un projet de jeutélévisé (qui décrivait précisément l'atmosphère et la philosophie du jeu, son déroulement,le teneur des questions ) est protégeable car il s'agit d'un « assemblage original d'élémentsconnus en eux-mêmes qui révèle l'activité créatrice de ses auteurs».
(20) CA Paris 14 oct. 1974, RIDA juill. 1976, p. 136.- V. aussi CA Versailles 27 sept. 1995,D. 1997, somm. p. 83, obs. Hassler et Lapp.
(21) V. par ex. : Crim. 7 oct. 1998, Bull. crim.n° 248 : à propos d'une plaquette publicitaire.
(22) Civ. 1re 25 mai 1992, RIDA oct. 1992, p. 156 ; D. 1993, p. 184, note X. Daverat.
(23) CA Paris 26 mars 1991, RIDA 4/1991, p. 148 ; D. 1992, p. 462, note A. Tricoire et Civ.1re 5 janv. 1999, D. 1999, IR p. 35.
(24) CA Paris 4e ch. A, 22 juin 1999, D. 1999, IR p. 229.
(25) CA Paris 4e ch., 6 déc. 1993, RIDA juill. 1994, p. 382.
(26) En ce sens : A. et H.-J. Lucas, op. cit., n° 49. P.-Y. Gautier, op. cit., n° 38, p. 65.
(27) L'article L.112-3 CPI protège les anthologies, recueils d'oeuvres et bases de donnéesqui « par le choix ou la disposition des matières, constituent des créations intellectuelles».
(28) Pour un exposé des opinions doctrinales, voir Y. Cherpillod, op. cit.
(29) En effet, les critères retenus sont ceux de tout consommateur (l'efficacité, le rapportqualité/prix ) et le jury de connaisseurs, même journalistes, n'est pas surprenant, rien quede très banal. On voit mal quels autres critères la cour aurait pu choisir pour réaliser unconcours susceptible d'avoir un intérêt au regard de la politique commerciale du magazine.
(30) Dans le même sens, Y. Cherpillod, op. cit., n° 224.