Lorsqu'un journaliste dénonce la thèse d'un auteur, la qualification de ce dernier d'« imposteur », employée en écho au titre de son ouvrage ( L'effroyable imposture), est justifiée par « l'effroyable imposture» que constitue, d'après l'auteur de l'article litigieux, la construction intellectuelle élaborée au soutien de sa thèse, de sorte que ce terme, indissociable des propos poursuivis, ne constitue pas une injure. En revanche, l'expression « salaud» vise la personne elle-même et non sa méthode de pensée. Ce mot constituant, dans son sens commun, un terme de mépris et d'invective constitutif du délit d'injure publique, il excède dès lors la libre expression, par l'auteur de l'article, de son opinion.
En l'espèce, les propos incriminés s'inscrivaient dans le cadre d'une tribune libre entre intellectuels et étaient présentés comme un écho du débat tenu au sein de la rédaction après la publication dans le même journal d'un article plutôt favorable à l'auteur de la thèse, selon laquelle aucun avion ne se serait écrasé sur le Pentagone, le 11 septembre 2001. Le tribunal distingue clairement les termes « imposteur», d'une part, et « salaud», d'autre part, pour retenir seulement ...
Tribunal de grande instance, Paris, 17e ch. civ., 1er décembre 2003, T. Meyssan c/ Sté Politis Éditions