L'ESSENTIEL La possibilité technique de télécharger rapidement toutes sortes d'oeuvres a largement modifié le rapport à la culture et aux biens culturels, à tel point que l'on occulte en grande partie le caractère illicite des opérations au regard des droits d'auteur. En outre, les systèmes « libres de droits » ont fait évolué la nature et le rôle des droits d'auteur. Il est alors très audacieux de proposer d'instaurer un domaine public payant, alors même que les oeuvres tombées dans le domaine public ont cessé, à l'expiration d'un certain délai, de donner prise à un droit patrimonial. Pourquoi rendre payant ce qui est considéré comme gratuit si ce n'est pour nourrir la dimension économique et sociale de la culture. Les revenus des oeuvres tombées dans le domaine public et exploitées de façon commerciale pourraient servir de source de financement pour les jeunes créateurs ou venir en renfort de certaines politiques culturelles. Cela constitue une façon d'atteindre la rentabilité économique des oeuvres, car le budget de la culture est un souci constant notamment des artistes travaillant dans le secteur du spectacle vivant. Aussi séduisant que ce système puisse paraître, de sérieuses difficultés militent contre son instauration.
Jocelyne CAYRON
Maître de conférence à la faculté de droit et de science politique ...
1er juillet 2006 - Légicom N°36
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(2) Les auteurs tiennent à remercierchaleureusement les membres de l'équipe derecherche de l'Institut Suisse de Droit comparé deLausanne, pour leur aide précieuse et leurdisponibilité lors de la recherche des diversessources documentaires.
(3) http://www.sacd.fr/actus/archives/cp/2004/journee_auteurs. asp
(4) C. Fabre et G. Levy, Le Monde, 5 mai 2004.
(5) Sur le rapport présenté par Monsieur MichelMuller au nom de la section du cadre de vie,Rapport n° 21/2004, NOR CES X000030421
(6) N. Vulser, « Un rapport tente d'adopter lesdroits d'auteur à la révolution numérique »,Le Monde, 8 juillet 2004.
(7) G. Cornu, Vocabulaire juridique del'Association Capitant.
(8) Ibidem.
(9) A. Dietz, Le droit d'auteur dans laCommunauté européenne CEE, Collection Etudes,Série secteur culturel n° 2, Bruxelles,1976.
(10) W.W. Baumol, W.G. Bowen, PerformingArts : the Economic Dilemma Cambridge(Mass.), MIT Presse, 1966 ; X. Dupuis, « Lamicroéconomie du spectacle vivant », inL'économie du spectacle vivant et de l'audiovisuel,Paris, La Documentation française, 1985,p. 71-79 ; P.M. Menger, De nouveaux enjeuxpour la culture : spectacle vivant et aide publiquein Culture, État et marché, Cahiers français,Janvier - février 2003, n° 312, p. 78 et s.
(11) R. Dumay, Mort de la littérature RenéJulliard, 1950, p. 159.
(12) Revue des Deux Mondes, 15 janvier 1841,Lettre en faveur de Melle Sedaine.
(13) Cité dans le Revue Mondiale du 1er décembre1923, « Le million de lettres ».
(14) S. Guttierrez-Lacour, Le temps dans lespropriétés intellectuelles, contribution à l'étude dudroit des créations Litec, 2004, préfaceM. Vivant.; voir également C. Pourquier,Propriété et perpétuité, Essai sur la durée du droitde propriété, PUAM, 2000.
(15) Renouard, Traité des droits d'auteurs dans lalittérature, les sciences et lesbeaux arts, Paris, 1938, p. 436.
(16) Pataille, « De la nature et de la durée desdroits des auteurs et des artistes sur leurs oeuvres »,Ann. Prop. Indu. 1866, p. 131; De Sanctis,« Considérations sur la durée du droit d'auteur »,RIDA 1954, n° 5, p. 34; S. Guttierrez-Lacour, Letemps dans les propriétés intellectuelles,contribution à l'étude du droit des créations Litec,2004, préface M. Vivant.
(17) J. Litman, « Copyright as Myth », 1991, 53,U. Of Pittsburgh, LR 235, p. 246-244; E. Moe,« Le domaine public payant », Interauteurs 1952,p, 16 et spéc. p. 19.
(18) Victor Hugo, « Actes et Paroles IV, Depuisl'exil 1876-1885 », Société d'Editions littéraires etartistiques, Paris, 1929, p. 411.
(19) J. Carbonnier, Flexible droit. Pour unesociologie du droit sans rigueur, LGDJ, 2001, 10eéd., « Scolie sur le droit. Victor Hugo ou larecherche de l'absolu », p. 183 à 191, spéc. p. 189.
(20) Victor Hugo, loc. cit., p. 415.
(21) P. Robiquet, Histoire et droit, Paris, Hachette,1907, p. 362.
(22) M. Jean-Richard-dit-Bressel, « EwigesUrheberrecht oder Urhebernarchtfolgevergütung »,Nomos, Baden-Baden, 2000; C. Samier, La duréede protection des oeuvres de l'esprit, MémoireParis I, 2004, p. 39 citant J. Corbet, « Voor eenverlenging van de beschermingsduur van netauteursrecht » in Rechts
(23) J. Vilbois, « Du domaine public payant enmatière de droit d'auteur, Théorie, Pratique etLégislation comparée », Sirey, 1920, p. 84, n° 59.
(24) C. Mouchet, « Considérations sur le projet denouvelle loi chilienne sur les droits d'auteur »,RIDA, 1970, p. 135 et s.
(25) E. Moe, « Le domaine public payant »,Interauteurs (106), 1952, p. 16 et s, etspécialement en conclusion, p. 26
(26) C. Caron, « Un domaine public en trompel'oeil », CCE, 2005, com, 150.
(27) « Projet de recommandation aux étatsmembres sur la sauvegarde des oeuvres dudomaine public », Paris, 2 juin 1993, 27C/40;
(28) « Les droits d'auteur », Rapport du ConseilÉconomique et Social, 2004, Michel Buller.
(29) T. Frémaux, Frémeaux & Associés, « Ledomaine public, acteur de la diversité culturelle,base d'une muséographie sonore mise à ladisposition du public », 2002, p. 7
(30) E. Morel, « Le domaine public payant »,Mercure de France, 1er août 1927, p. 513 et spéc.p. 521-522.
(31) P.Y. Gautier, Propriété littéraire etartistique, PUF coll. Droit fondamental, 4e éd.2001, n° 319.
(32) S. Choisy, « Le domaine public en droitd'auteur », IRPI-Litec, 2001, p. 226, n° 464.
(33) J. Marty, www.achatpublic.com
(34) La dernière édition a eu lieu les 26, 27,28 janvier 2006 au Palais de expositions de Paris,et a réuni 137 exposants, pour la liste complètevoie le site www.museum-expressions.fr,
(35) E. R. Harvey, Le domaine public payantdans la législation comparée (et plusparticulièrement dans la législation argentine),Copyright Bulletin, XXVIII, 4, 1994, p. 31 et s.
(36) WIPO, Analysis of the replies to the surveyof existing provisions for the application of thesystem of Domaine Public Payant in nationallegislation, 1982, WIPO/DPP/CE/1/02 ;CPY.82/WS/1
(37) Algérie, Argentine, Brésil, Bulgarie,Hongrie, Italie, Mexique, Portugal,Tchécoslovaquie, Tunisie, URSS et Zaïre
(38) UNESCO/OMPI/DPP/CE/1er février, p. 8
(39) Voir infra.
(40) E. R. Harvey, « Le domaine public payantdans la législation comparée (et plusparticulièrement dans la législation argentine) »,Copyright Bulletin, XXVIII, 4, 1994, p. 38.
(41) UNESCO/OMPI, Analyse des réponses àl'enquête sur les dispositions législativesnationales prévoyant le domaine public payant,Paris, 1982, Annexe III, « Argentine ».
(42) Boletin oficial del 14-feb-1958.
(43) Ce qui inclut bien évidemment les oeuvrestraditionnelles et folkloriques.
(44) Article 8 du décret-loi n° 6225/58, UNESCO/OMPI, Analyse des réponses à l'enquêtesur les dispositions législatives nationalesprévoyant le domaine public payant, Paris, 1982,Annexe III, « Argentine ».
(45) Qui est une institution gouvernementaleautonome du secteur de la culture.
(46) Dont le site Internet à se trouve l'adressesuivante: www.fnartes.gov.ar
(47) UNESCO/OMPI, Analyse des réponses àl'enquête sur les dispositions législativesnationales prévoyant le domaine public payant,Paris, 1982, Annexe III, « Argentine ».
(48) E. R. Harvey, « Le domaine public payantdans la législation comparée (et plusparticulièrement dans la législation argentine) »,Copyright Bulletin, XXVIII, 4, 1994, p. 37.
(49) UNESCO/OMPI/DPP/CE/1er février, p. 13
(50) JO, 26 février, p. 2043.
(51) JO, 30 novembre, p. 11473 ; Pour uncommentaire de ces dispositions, voirH. Desbois, R.T.D.Com. 1956, p. 445 et s. etJ. Vilbois, Interauteurs, 1957-2.
(52) Desbois proposait pourtant d'éviter cet effeten interprétant de façon plus large que ne lefaisaient les tribunaux le texte de 1946, voirH. Desbois, Le droit d'auteur en France, Dalloz,3e éd. 1978, n° 337 et s.
(53) Art. 20-III
(54) En ce sens, A. Dietz, « Le droit d'auteurdans la Communauté européenne », CollectionEtudes, Série secteur culturel, n° 2, Bruxelles,juillet 1976, n° 455.
(55) CA Versailles, 19 décembre 1994, RIDA,avril 1995, p. 389.
(56) Art. R 111-1 et R 111-2 du CPI.
(57) A. Lucas et H.-J. Lucas, Traité de lapropriété littéraire et artistique, 2e édition, Litec,2001, n° 916; Dictionnaire comparé du droitd'auteur et du copyright, Dir. M. Cornu, I. deLamberterie, P. Sirinelli, C. Wallaert, CNRSéditions, Paris, 2003, V° domaine public payant,p. 63.
(58) P. Schonning, Survey of the term ofprotection of author's rights, ENTLREV 2000,p. 64.
(59) J. Vilbois, Thèse précitée, n° 94 et s.
(60) CA Paris, 6 février 1907, La loi 16-17 février1907; Trib. Civ. Versailles, 25 avril 1907 et 3 avril1908, Bull. Soc, n° 60, p. 71; Trib. De Paix deProvins, 2 décembre 1912, Bull. Soc. n° 64, p. 85;Trib. commerce de la Seine, 18 janvier 1916 et
(61) Pour un exposé exhaustif des tous cesprojets, voir J. Vilbois, Thèse précitée, p. 59 et s.
(62) « Toute personne peut publier, reproduire,faire reproduire, exposer, faire représenter lesoeuvres d'un auteur, compositeur ou artiste à lacharge de payer à ses ayants cause uneredevance prélevée sur le produit despublications ou reproductions et par quelqueprocédé qu'elles aient lieu » Commission du12 avril 1863, art. 4.
(63) J. Vilbois, Thèse précitée, p. 74.
(64) P. Robiquet, « Une nouvelle forme de lapropriété littéraire ; le droit d'auteur et ledomaine public payant », L'économiste français,3 octobre 1903, p. 473.
(65) A Berne en 1890, à Paris en 1900, à Naplesen 1902
(66) M. Ajam, « La réorganisation des droitsd'auteur », Revue Politique et Parlementaire,10 octobre 1907, p. 5.
(67) M. Ruby, J. Zay, Député à 27 ans, Ministre à31 ans, Prisonnier politique à 36 ans, Assassiné à39 ans, Editions Corsaire, 1994, p. 187 et s.
(68) A. Latournerie, « Petite histoire batailles desdroits d'auteur », Interview donné à Powow. net,juin 2001, consultable surwww.freescape.eu.org/biblio/article.php3?id_article=33
(69) P. Recht, Le Droit d'Auteur, une nouvelleforme de propriété, Histoire et Théorie, Paris,LGDJ 1969.
(70) Notamment par S. Choisy, op. cit, n° 45 et s.
(71) Josserand, Cours de droit civil français,Librairie du recueil Sirey, t. I, n° 1525 ; H. Capitant, F. Terré, Y. Lequette, Les grandsarrêts de la jurisprudence civile, t. I, 11e éd.,Dalloz, 2000, n° 63, p. 327.
(72) Pour une présentation complète desquelles,voir S. Choisy, op. cit, n° 106 et s.
(73) A. Dietz, « Le droit de la communauté desauteurs : un concept moderne de domaine public »,Copyright bulletin, 1990, XXIV, 4, p. 13-24.
(74) E. Morel, « Le domaine public payant »,Mercure de France, 1er août 1927, p 513 et s spéc.p. 519-520 ;
(75) J. Vilbois, Thèse précité, n° 337 : « à notreavis, le domaine public payant devra avoir uneportée rétroactive sous peine de ne pas être »
(76) F. Latrive, « Du bon usage de la piraterie, »Culture libre, sciences ouvertes, Paris, Exils,2004, p. 130.
(77) Loi du 7 novembre 1925. Le domainepublic payant prend alors la forme généraliséed'un Domaine d'État caractérisé par la libertéd'exploiter le domaine public, contre le paiementd'une taxe de 10 % (art. 42). Le système duDomaine d'État fut abrogé en Italie en 1996,voir sur ce point, L. Chimenti, Lineamenti delnuovo diritto d'autore- Direttive comunitarie enormativa interna, 2.A, Mailand, 1997, s. 198.
(78) C. Mouchet, « Les problèmes du domainepublic payant », Le droit d'auteur (BIRPI), 1970,p. 208 et s
(79) A. Lamandé, « Le domaine public payant »,Revue Bleue, 3 décembre 1927, n° 23, p. 721.
(80) WIPO, Analysis of the replies to the surveyof existing provisions for the application of thesystem of Domaine Public Payant in nationallegislation, 1982, WIPO/DPP/CE/1er février ;CPY.82/WS/1.
(81) C. Colombet, Grands principes du droitd'auteur et des droits voisins dans le monde,approche de droit comparé, 2e édition, Litec, 1992,p. 88.
(82) P. Robiquet, Histoire et droit, 2e série,Hachette, 1907, p. 359.
(83) F. Latrive, op. cit., p. 131.
(84) Sur ce point, voir T. Frémeaux, op. cit., p. 2et s.
(85) A. Dietz, A concept of « Domaine publicPayant, in the field of the Neighbouring Right ofPerformers, Intellectual Property and InformationLaw, Essays in honor of Herman Cohen Jehovan,The Hague, London, Boston, Kluwer LawInternational, 1998, p. 121 et s.
(86) M. Blakeney, The protection of traditionalknowledge under intellectual property law,European Intellectual Property Review, 2000,p. 257.: The moneys thereby received can bediverted to the promotion of cultural activities. Thisscheme is particularly suited for the nurturing oftraditional works.
(87) J. Githaiga, Intellectual property law and theprotection of indigenous folklore and knowledge,Murdoch University Electronic Journal of Law, Vol.5, number 2, 1998, § 53, consultable sur Internet àl'adresse suivante:http://www.murdoch.edu.au/elaw/issues/v5n2/githaiga52.html, Therefore indigenous folkloric worksthat are in the public domain would generate revenues for the indigenous owners; voir, dans lemême sens, S. Von Lewinski, The Protection ofFolklore, in Symposium on Traditional knowledge,Intellectual property, and Indigenous culture, 11Cardozo J. Int'l & Comp (Cardozo Journal ofInternational and Comparative Law) 767: Anotherway to protect the financial interests of indigenouspeoples would be to establish a statutoryremuneration right in favour of the communitywhich would itself exercise the power to decide howto income from the exploitation of folklore would beallocated. Such protection could be based upon themodel of domaine public payant'; voir enfin,M. Nordmann, Rechtsschutz von Folkloreformen,Baden-Baden, 2001, p. 136 et s.
(88) Le texte de la « Loi type de Tunis sur le droitd'auteur » et son commentaire sont publiés dans leBulletin du droit d'auteur de l'Unesco, Vol. X, no 2,1976, p. 10 et s.
(89) S. La Voi, Comment: Cultural heritage tug ofwar: balancing preservation interests andcommercial rights, DePaul Law review, 2003,p. 922.
(90) S. La Voi, loc. cit, p. 926.
(91) C. Berryman, Toward more universalprotection of intangible cultural property, Journal ofIntellectual Property Law, 1994, p. 308: Domaine public payant is characterized as a protector ofcultural heritage because it can provide thefinancial means for nations to protect and preservetheir cultural creations, particularly folklore.
(92) A. France, Discours, Au banquet des étudiants,1895.