L'ESSENTIEL La loi du 1er août 2003 relative au mécénat, aux associations et aux fondations a vocation à impliquer tous les acteurs de la société civile (particuliers, entreprises, associations, fondations) dans le mécénat et ceci n'est pas sans conséquences au regard de la distinction avec le parrainage. Alors que l'élément caractéristique du mécénat est le soutien financier dépourvu de toute contrepartie, les « cadeaux » fiscaux telles que les réductions d'impôt annihilent cette certitude. Ces mécanismes fiscaux constituent, en effet, de manière déguisée, une contrepartie non pas directe mais indirecte au mécénat. Ce propos rejoint ainsi la seule définition légale du mécénat à notre disposition en droit positif issue de l'arrêté du 6 janvier 1989 qui entend le mécanisme comme « le soutien matériel apporté, sans contrepartie directe de la part du bénéficiaire, à une oeuvre ou à une personne pour l'exercice d'activités présentant un intérêt général », n'excluant pas les contreparties indirectes. C'est effectivement ce qui a été organisé pour l'acquisition de trésors nationaux par les entreprises, mais également pour l'acquisition d'oeuvres d'artistes vivants. Cette confusion des genres doit être appréciée pour savoir si elle rend la culture accessible à tous ou si elle organise une culture élitiste
« Soyez mon Mécène ! Protégez les arts ! » Gustave Flaubert (2) 1- L'art est désigné, dans le langage courant, comme l'expression désintéressée et l'idéal du beau, l'ensemble des activités humaines créatrices qui traduisent cette expression et l'ensemble des oeuvres artistiques d'un pays ou d'une époque. Cette « expression désintéressée » échappe donc à l'utile, pour ne tenir compte que de l'esthétique et de l'expression artistique de l'homme. L'absence d'utilité soustrait ...
Michèle KOTZARIKIAN
Chargée de Travaux Dirigés, Doctorante au Laboratoire Biens, Normes et ...
1er juillet 2006 - Légicom N°36
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(2) Loi n° 2003-709 du 1er août 2003 relative aumécénat, aux associations et aux fondations, diteloi « Aillagon », JO n° 177 du 2 août 2003p. 13277.
(3) G. Flaubert, L'éducation sentimentale, 1869.
(4) G. de Brebisson, Le mécénat, Que sais-je ?PUF.
(5) Pour plus de précisions sur l'énumération desorganismes habilités à recevoir des dons, nousnous reporterons aux organismes visés auxarticles 200 et 238 bis du Code général desimpôts
(6) Notre étude sera exclusivement consacrée aumécénat culturel. Sur le mécénat solidairetoutefois, cf. infra note de bas de page n° 8.
(7) Discours du Président de la République,prononcé au Palais Royal le 8 avril 2002 :« Premier objectif : libérer l'initiative. Instaurerune nouvelle règle du jeu. Cela vaut d'abordpour l'État. ( ) C'est ensuite encourager etimpliquer dans notre vie culturelle tous lesacteurs de la société civile : particuliers,associations, fondations, entreprises ».
(8) Le mécénat culturel représente aux États-Unis2,1 % du produit intérieur brut (selon la sourceGiving USA 2002, Afrc Trust for Philanthropy),alors que selon des données parcellaires, il nereprésente en France que 0,09 % du produitintérieur brut.
(9) Le législateur de 2003 a amélioré le dispositifen la matière puisque les particuliers peuventdésormais bénéficier d'une réduction d'impôtégale à 66 % du montant des sommes prisesdans la limite de 20 % du revenu imposable. Lesentreprises, quant à elles, peuvent réduire (etplus déduire) 60 % du montant des versementspris dans la limite de 0,5 % du chiffre d'affaires.Pour une étude plus approfondie, nous nousreporterons aux articles 200 et 238 bis du Codegénéral des impôts.
(10) JO du 31 janvier 1989 p. 1448.
(11) Dispositif qui était prévu à la base jusqu'au31 décembre 2006.
(12) Sur ce certificat d'exportation, nous nousreporterons à l'article 7 de la loi n° 92-1477 du31 décembre 1992 relative aux produits soumis àcertaines restrictions de circulation et à lacomplémentarité entre les services de police, degendarmerie et de douane et pour lesquels l'État afait au propriétaire du bien une offre d'achat dans lesconditions prévues par l'article 9-1 de la même loi.
(13) Pour une étude approfondie de cette mesure,Gabriel Ballif, « La réforme de l'exportation desbiens culturels. Après la loi du 4 janvier 2002 sur lesmusées de France et la loi du 1er août 2003 sur lemécénat », Gaz. Pal., mercredi 13, jeudi 14 août2003.
(14) Dispositif issu de la loi du 4 janvier 2002relative aux musées de France.
(15) CAA Douai, 22 juillet 2003, n° 00-938 : RJF
(2005) 352.
(16) Instruction fiscale n° 112 du 13 juillet 2004,paragraphes n° 104 à 107.
(17) Par artistes interprètes, il faut entendre aussibien les personnes qui suivent une formationmusicale dans un établissement ou une école ouqui ont une qualification musicale diplômantecorrespondant à un cycle 3 de conservatoirenational de région ou d'école nationale demusique, que les personnes qui exercent cetteactivité à titre professionnel.
(18) Article 1er du décret n° 2005-1 136 du 7 septembre 2005 portant création des distinctions de mécène et de donateur du ministère de la Culture.