L'ESSENTIEL La loi du 29 juillet 1881 est silencieuse quant aux critères de la bonne foi. Il s'agit pourtant d'une notion essentielle au procès de presse qui rappelle par ses éléments constitutifs la déontologie journalistique. La jurisprudence a dessiné les contours de cette notion indispensable à l'effectivité du principe constitutionnel de liberté de la presse, en élaborant une vraie théorie de ce fait justificatif, articulée autour de quatre exigences distinctes et cumulatives au vu desquelles doit s'effectuer la démonstration journalistique. Il paraît difficile de répondre catégoriquement à la question de la hiérarchisation des critères de la bonne foi. Toutefois, il est loisible de relever que le fait de satisfaire à tel critère donné dans une proportion considérable pourra autoriser une certaine insuffisance par rapport à tel autre. La Cour suprême exerce un contrôle rigoureux sur la manière dont les juridictions du fond appliquent ces critères de la bonne foi du journaliste. L'élaboration de cette notion prétorienne, très vivante, rappelle les méthodes et la réflexion de la CEDH, dont la jurisprudence affiche en cette matière une proximité révélatrice de l'influence exercée sur les juridictions nationales. De la même façon, l'appréhension de la pratique journalistique traduit l'influence de cette notion sur la production éditoriale.
Si l'on compare la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme à celle de la Cour de cassation, en matière de diffamation on constate qu'elles ne sont pas, très différentes quant à leurs conséquences concrètes. On sait que sur plusieurs autres aspects du droit de la presse la Cour européenne a constaté le caractère obsolète de la législation française et imposé une évolution et il est probable que certaines infractions prévues par la loi de 1881 comme l'offense au ...
Henri Leclerc
Avocat honoraire
1er avril 2006 - Légicom N°35
4586 mots
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