L'ESSENTIEL La loi du 29 juillet 1881 résiste aux ravalements périodiques du droit de la presse, comme ceux récemment portés par le législateur en 2004. Ainsi, la loi dite Perben II du 9 mars 2004, introduisant un article 65-3 dans la loi sur la presse, a porté à un an le délai de prescription en cas de publication de propos racistes ou sectaires. Suscitée à l'origine par la prolifération de messages de ce type en ligne, la réforme n'a pourtant pas été limitée aux seuls messages diffusés par ce biais. Susceptible d'être interprétée de façon différente et contradictoire, cette dérogation à la prescription trimestrielle de 3 mois de l'article 65 semble insuffisante. La prescription ordinaire du droit de la presse s'applique en revanche aux nouveaux délits d'expression sexiste ou homophobe. Calquée dans son esprit sur la législation en vigueur incriminant et sanctionnant les propos à caractère raciste ou antisémite, la loi n° 2004-1486 du 30 décembre 2004 portant création de la Haute autorité de lutte contre les discriminations a ainsi introduit dans la loi du 29 juillet 1881 trois nouvelles incriminations visant à renforcer la lutte contre les propos discriminatoires à caractère sexiste ou homophobe. Les avis divergent sur ces nouveaux délits de presse. Ainsi, se fondant avant tout sur le principe d'universalité des droits de l'homme, la Commission nationale consultative des droits de l'homme avait demandé le retrait du projet de loi. En outre, quelle va être l'incidence des incriminations nouvelles sans le débat de sociétés sur l'homosexualité ou l'homoparentalité ? Comment les tribunaux vont-ils définir la notion d' « orientation sexuelle» ? Les textes nouveaux sont-ils conformes à la Convention européenne des droits de l'homme ?
Aborder la question de la genèse des délits de presse introduits par la loi du 30 décembre 2004 oblige à opérer un rapide retour en arrière afin de replacer cette initiative législative dans un contexte plus large. En effet, les dispositions réprimant les propos discriminatoires ou injurieux à caractère sexiste, homophobes ou fondés sur le handicap constituent la troisième étape d'une construction législative tendant à renforcer la répression de ces phénomènes ...
Yann PAVODA
Administrateur, Assemblée nationale
1er avril 2006 - Légicom N°35
4477 mots
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(2) Introduit par l'article 47 de la loi n° 2003-239 du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure.
(3) cf. les communiqués des 10 et 23 juin 2004 ainsi que les déclarations de la fédérations recueillies par l'AFP le 2 décembre 2004
(4) Comme l'indique le rapport n° 1965 du1er décembre 2004, fait au nom de la commissiondes Lois de l'Assemblée nationale par M. PascalClément, page 48.
(5) cf. communiqué du 20 juin 2004.
(6) Comme le prévoit l'article 121-6 du Code pénal.
(7) Cf., La lutte contre le sexisme et l'homophobie,paru dans la revue Droit pénal, n° 12,décembre 2004, page 3.
(8) Cf., la tribune de M. Pouliquen publiée le23 novembre 2004 sur le site de l'observatoire ducommunautarisme http://www.communautarisme.net.
(9) Cf. l'article de M. J-P Delmas Saint -Hilaire paru dans la revue de science criminelle et dedroit comparé, 1997, page 650