L'ESSENTIEL La photo est une uvre de l'esprit, si elle présente une originalité. Ce paramètre n'avait pas échappé au législateur de 1957 qui avait posé que pour être protégeables, les photographies devaient avoir un caractère artistique ou documentaire, sortant ainsi ces uvres potentielles du statut général des uvres de l'esprit, qu'elles ne regagneront qu'en 1985. Comment déterminer alors l'empreinte de la personnalité de l'auteur dans la mesure où l'originalité de ne se présume pas. L'appréciation de la part créative du photographe se fait in concreto, ce qui permet au juge de relever que cela n'est pas uniquement un savoir-faire, ce qui est d'autant plus exact à l'heure du numérique. Il doit, en revanche, apprécier le processus de création sans se reporter simplement à la valeur finale de la photographie, sauf à admettre que toutes les photos sont sujettes à protection à l'exception de celles qui feraient preuve d'une extrême banalité. En effet, le juge doit s'attacher strictement à considérer les circonstances dans lesquelles la photographie a été prise, la liberté laissée au photographe dans ses choix artistiques, même s'il n'a pas les compétences techniques requises.
La photo est-elle une uvre de l'esprit , susceptible d'être protégée par le droit d'auteur ? C'est en effet à cette condition seulement que le photographe obtiendra le sésame des droits reconnus à un auteur par le code de la propriété intellectuelle. La question de savoir si un photographe est un artiste ou simplement un technicien s'est posée dès l'avènement de la photographie.I- LA RECONNAISSANCE DE L'ORIGINALITÉ DES PREMIÈRES PHOTOS Alors qu'il s'agissait encore de ...
Basile Ader
Avocat au Barreau de Paris
1er avril 2005 - Légicom N°34
3515 mots
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(2) CA Toulouse, 17 juillet 1911, DP, 1912, 2e partie, p.161 note Emile Potu. 2. H. Desbois, n° 68, p.80
(4) C. Colombet, n° 92.
(5) H. Desbois, n° 85, p.102.
(6) Notamment P.-Y. Gautier, Propriété littéraireartistique, PUF , éd. 1999, n° 24 qui préconise àjuste titre de mieux cerner l'originalité par sonantonyme : la banalité . L'uvre banale étant :une res nullius ; A. Lucas et H. Lucas, Traitéde Propriété Littéraire et Artistique, Litec 1996,n° 77 à 99 ; X. Linant de Bellefonds, Droitsd'auteur et droits voisins, Delmas, n° 29 etsuivants ; E. Pierrat, Le droit d'auteur etl'édition, Editions du cercle de la Librairie,n°17 ; et E. Derieux, Droit de laCommunication, LGDJ, n° 98 et suivants.
(7) Article L. 112-1 du code de la propriétéintellectuelle.
(8) TG1 Paris 3e ch., 6 juillet 1976, RIDA, p.190et suivantes ; RTD Com., 1977, p.117.
(9) CA Paris 8e ch. B, 17 juin 1988, D., 1989,Somm., p.44, note Colombet.
(10) v. par exemple, les développements de MeEmmanuel Pierrat dans, Le droit d'auteur etl'édition, préc. p.28/29.
(11) Emmanuel Pierrat considère même que lesphotomatons devraient être admis à la protectionet que la question peut se poser pour lesphotographies prises par satellite, ibid.
(12) CA Paris, 5 avril 1993, Expertises, juillet1993, p. 275.
(13) Cass. civ . 1re ch., 19 novembre 1991, JCP,ed. E, 1992, I, p.141, observations Vivant etLucas.
(14) v. par exemple, CA Bordeaux 1re ch.,29 avril 1997, D., 1999, Somm., p.64,observations Colombet.
(15) CA Paris 4e ch. sect. A, 24 mai 2000,Créapole c/ Boutet, Légipresse 2000, n° 173-I-75.
(20) TGI Paris 3e ch. 3e sect., 7 janvier 2003,RDPI, n° 155, janvier 2004.
(21) CA Paris 4e ch., 29 octobre 2003, SARLSempress c/ Epithème Editions et CA Aix enProvence 2e ch., 20 janvier 2004, Dayès c/ Davinet société Retif, CCE, avril 2004, p. 21, noteCaron.
(22) CA Versailles 12e ch. sect. 1, 22 novembre2001, Aubard et autres c/ SNC DDPI, Légipresse,2002, n° 197-I-60.
(23) TGI Paris 3e ch. 3e sect., 9 septembre 2003,Bonnefoy c/ Editions Bauer, jugement définitif,Légipresse, 2003, n° 206-I-78.