L'ESSENTIEL De la révélation d'une affaire au déroulement de l'enquête, de l'instruction puis du procès, deux logiques s'entrechoquent : celle de la police et des magistrats et celle de la presse. Comment peut-on concilier le droit à l'information et l'efficacité de l'enquête et de l'instruction ? Point de départ à la réflexion, cette première table ronde retrace et analyse les spécificités, les impératifs et les contraintes de chacun des acteurs, à travers des retours d'expérience et l'analyse des affaires qui ont marqué l'actualité et la vie judiciaire. Etablir une limite précise au droit à l'information pour protéger le bon déroulement de l'enquête semble difficile au regard de la complexité de certaines affaires et du rôle parfois fondamental de la presse comme «pierre angulaire»nécessaire à une société démocratique. Seule une réflexion au cas par cas semble envisageable. L'hypothèse d'un partenariat entre les acteurs judiciaires et la presse est évoquée afin de limiter les écueils de la médiatisation, notamment quand la diffusion de l'information met en danger non seulement la poursuite de l'enquête mais aussi les personnes. Enfin l'analyse de la notion de vérité médiatique et judiciaire, qui sous-tend l'ensemble de la réflexion, souligne toute la difficulté à établir des règles et des limites précises pour régir les rapports entre la sphère judiciaire et la sphère médiatique.
Cette première table ronde aurait pu s'intituler La quadrature du cercle. La première question de fond est la place de la justice dans une société soumise à la dictature de l'image, de l'instant et de l'émotion. Dans un tel contexte, comment peut se dérouler le travail judiciaire qui consiste, à partir d'éléments à charge obtenus lors d'une enquête parfois longue et complexe, à se prononcer sur la culpabilité et la peine lors d'une audience publique et contradictoire ? La ...
Bruno THOUZELLIER
Magistrat
1er janvier 2005 - Légicom N°33
1018 mots
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