La dialectique du travail du juge procède de la transposition des normes et du raisonnement par analogie aidant à trouver des solutions adaptées à des situations nouvelles. Ce travail prend toute sa mesure lorsqu'il est question de définir le périmètre de l'uvre collective de plus en plus étendu. Cependant, le juge doit éviter, sous couvert d'une réalité économique, d'accepter trop facilement la qualification d'uvre collective chaque fois qu'une personne morale se contente d'affirmer qu'il est impossible de détailler la participation des contributeurs à la réalisation de l'uvre. La notion d'uvre collective est donc difficile à manier car on ne peut raisonner par catégorie d'uvre, par genre d'uvre. Dès lors, le juge opère une qualification purement casuistique, in concreto, et prend en considération l'homogénéité des contributions, ainsi que le pouvoir de direction et de contrôle de l'initiateur de l'uvre. En appliquant ce raisonnement à la presse écrite domaine de prédilection de l'uvre collective , force est de constater que la qualification n'est pas systématique mais fonction de la liberté dont jouissent les contributeurs, et de l'étendue de la cession des droits à l'éditeur.
Je comprends l'interrogation des milieux d'entreprise face à une évolution jurisprudentielle, aussi nécessaire soit-elle. Maintenant, vos collègues Outre-Atlantique et Outre-Manche doivent être encore plus inquiets que vous parce que la création prétorienne par la jurisprudence est souvent considérable.En France, le travail de la jurisprudence est beaucoup plus limité en raison de l'histoire de nos institutions et de l'abondance des normes législatives et réglementaires.Mais nous ...
Alain GIRARDET
Président de la troisième chambre du Tribunal de grande instance de Paris
1er janvier 2003 - Légicom N°29
2997 mots
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(2) TGI Paris 3e ch., 15 mars 2002, Baccheta c/ Ellipses éditions (voir annexe 6).
(3) Cass. civ. 1re ch., 23 janvier 2001, Le BerryRépublicain, Légipresse, 2001, n° 180, III, p. 50,note S. Jacquier, « Le prix de la réutilisation del'uvre de presse » (voir annexe 3).
(4) CA Paris 1re ch. sect. A, 10 mai 2000, Stégestion du Figaro c/ SNJ et autres, Légipresse,2000, n° 172, III, p. 92, note B. Ader, « Droitd'auteur des journalistes et réexploitationélectronique de leurs uvres » (voir annexe 4).
(5) TGI Lyon, 21 juillet 1999, SNJ et autres c/ SAGroupe Progrès, Légipresse, 1999, n° 166, III,p. 156.
(6) TGI Strasbourg, 3 février 1998, ord réf, USJFSNJet autres c/ SA Sdv Plurimédia, Légipresse,1998, n° 149, III, p. 22, note B. Ader.
(7) CA Paris 4e ch. sect. B, 24 avril 2000, Havasinteractive c/ Mme F. Casaril, Légipresse, 2000,n° 173, III, p. 107, note A. Latreille, « uvremultimédia : nature juridique et conditionsd'exploitation ».