Hormis la dérogation légale accordée aux chaînes de télévision lors de la retransmission de compétitions de sports mécaniques, la jurisprudence fait une stricte application de l'interdiction de faire apparaître des marques de tabac à l'écran lors de retransmission de manifestations sportives. Il en est de même des opérations de parrainage ou de mécénat par des entreprises productrices de produits du tabac. En matière d'alcool, le CSA impose aux diffuseurs des principes très stricts, tandis que les tribunaux reconnaissent le droit du public à l'information. La question prend toute son ampleur à l'heure où la CJCE est précisément saisie d'un litige intervenu en raison de l'interprétation de la loi Évin par le CSA et vient d'annuler la directive 98/43/CE qui prohibait toute forme de publicité ou de parrainage en faveur des produits du tabac dans la Communauté européenne.
ALCOOL, TABAC ET SPORT font a priori mauvais ménage, si l'on excepte les troisièmes mi-temps. Il suffit toutefois d'être amateur de Formule 1 pour constater que ce sport automobile vit par le tabac et son parrainage.Il en est de même de nombreux autres événements sportifs auxquels s'associent marques de tabac ou d'alcool (Paris-Dakar, Paris-Moscou-Pékin, matchs de rugby ou de football) (1).Ces associations entre le sport et l'alcool sont toujours apparues comme des liaisons dangereuses ...
Frédéric Gras
Avocat au Barreau de Paris
1er juillet 2000 - Légicom N°23
3638 mots
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(2) Sur cette question, on lira avec intérêt l'étudefouillée de Caballero (Francis), Tabac, alcool etparrainage sportif , Revue juridique et économiquedu sport, n° 20, 1992-1, p. 25-97.
(3) Pour une logique similaire concernant lapublicité des boissons alcooliques par affichage :TGI Paris, 3 novembre 1993, Légipresse, 1994,n° 108-III, p. 1-3.
(4) Got (Claude), colloque : Trois ans d'applicationde la loi du 10 janvier 1991, Tabac &Santé, n° spécial, juillet 1994, p. 27.
(5) Cass. crim., 21 février 1996, Siegel & VSDc/ CNCT, Petites affiches, 16 mai 1997, p. 20-25,contrats-conc., consom. 1996, com. 195, noteGuy Raymond ; Paris (13e ch., sect. A), 13 mai1997, MP & CNCT c/ Da Silva, 1998, Légipressen° 150-III, p. 54-55.
(6) Pour de plus amples développements historiquessur ce sujet, cf. notre fasc. Publicité etalcool, Droit de la presse, LITEC, 2000.
(7) TGI Bordeaux (ord. réf.), 11 mars 1995, CIVBc/ TF1, France 2 et France 3, Légipresse, 1995,n° 120-I, p. 35.
(8) TGI Nanterre, (ord. réf.), 12 juin 1986,RTD.Com., p. 469-471, obs. Bouzat ; TGI Paris,18 juin 1990, Association des brasseurs deFrance c/ Antenne 2, Légipresse n° 75-III, p. 91,note Basile Ader.
(9) Cf. Rapport annuel du CSA pour 1995.L'application de cette notion civiliste à un textede nature pénale ne manquera pas de surprendreles pénalistes.
(10) Inédit.
(11) CJCE, 5 novembre 2 000, RFA c/ Parlementet Conseil, Légipresse, n° 177-III, p. 204, § 99 ;même raisonnement pour ce qui concerne lesdistorsions de concurrence aux § 109, 110 et
(112) On relèvera une contradiction apparenteentre les § 109 et 110 puisque, dans le premier,la Cour retient que pour les différences de restrictionentre législations nationales, « les effetsde ces avantages sur la concurrence sont lointainset indirects et ne constituent pas des distorsionssusceptibles d'être qualifiées de sensibles» alors que, dans le second, elle relève :« il est vrai que les différences existant entre certainesréglementations en matière de publicité dutabac peuvent entraîner des distorsions sensiblesde concurrence ».Cette contradiction peut semble-t-il s'expliquerpar le fait que le § 109 vise l'activité desagences de publicité alors même que le § 110vise, pour sa part, le parrainage d'événements.
(12) Ibid., § 117.
(13) Renault (Charles-Edouard), Cousi (Olivier),Loi Evin : application controversée aux retransmissionssportives télévisuelles, Légicom n° 16,1998, p. 63 et s., plus particulièrement p. 71 ;Caballero (Francis), tabac, alcool et parrainagesportif , Revue juridique et économique dusport, n° 20, 1992-1, p. 25-97.
(14) Cass., crim., 29 juin 1999, CNCT, Droitpénal, novembre 1999, p. 14-16.
(15) Il est signifiant de constater que les actionsjudiciaires engagées en matière de publicitéalcool-tabac sont quasi exclusivement le faitd'associations se constituant partie civile (ANPA,CNCT), comme si la politique criminelle consistaità déléguer l'exercice de l'action aux associations,le ministère public restant en jachère.
(16) Le schéma de corrosion est toujours lemême : un projet de loi élaboré au sein d'uncabinet ministériel est soumis aux amendementsdu législateur. A priori, on peut voir là un travailcollectif de construction où chacun apporte sapierre à l'édifice. Certains font toutefois plusuvre de destruction que de construction. Cettedéconstruction est achevée lorsque la loi initialementvotée fait l'objet d'amendements parl'entremise de lois fourre-tout, idéales pour sapersans agiter